Simon Kiong
QUELQUES MOTS SUR LA POLITESSE CHINOISE
Variétés sinologiques n° 25, Imprimerie de la Mission catholique, T'ou-sé-wé, Chang-hai, 1906, IV+110 pages.
- Introduction : "Ces quelques pages forment, au point de vue linguistique, comme un dictionnaire précis des termes relatifs au costume, aux salutations, aux visites officielles. — Au point de vue social, elles montrent quels soins minutieux, quel grand air aussi, quelle noblesse presque raffinée les Chinois distingués ont su apporter dans leurs relations. — Enfin, elles constitueront bientôt un véritable document historique, si fort semble le courant qui emporte la Chine, loin de son passé et de ses traditions, vers les études, les sciences et même la politesse des peuples d'Occident."
Extraits : Sur le maintien du corps - Des salutations - De la salle de réception - Des cadeaux à faire
Feuilleter
Télécharger/Lire aussi
1. Il est évident tout d'abord, que le corps doit avoir une pose naturelle; l'on évitera de
le maintenir droit et raide, mais il faut l'incliner un peu en avant ; d'où il suit que la tête doit elle-même être légèrement baissée et inclinée en avant ; l'on doit se garder toutefois de la
pencher d'un côté ou de l'autre.
2. Il n'est point permis (ici en Chine pas plus que partout ailleurs) de promener les yeux autour de soi ; mais, en général, il faut les tenir modestement fixés sur l'objet que l'on regarde ; et,
si l'on est devant un supérieur, ils doivent être modestement baissés. Cependant il n'est point défendu dans la politesse chinoise de regarder en face, même son supérieur, surtout quand on
l'écoute ou qu'on lui adresse la parole. Toutefois il est à remarquer que quand le supérieur vous interroge sur quelque objet, vous devez lui montrer la plus grande attention ; de même, chaque
fois que vous répondez à ses questions, vous devez incliner légèrement le corps et la tête en avant, quand même vous seriez dispensé de vous lever.
3. L'inclination de la tête et du corps s'entend d'un léger petit mouvement, toujours moins ample que celui de nos cérémonies religieuses.
4. Les mains doivent être ordinairement tranquilles et pendantes. Quand on marche un peu vite, on n'agite guère les bras ; mais lorsque l'on marche doucement, alors, les mouvements des bras
doivent suivre naturellement et avec aisance les mouvements des jambes, c'est-à-dire, que l'on avance tout doucement le bras droit ou le bras gauche, selon que c'est le pied droit qui s'avance,
ou le gauche (Pl. I).
5. Quand on va au-devant de quelqu'un, on doit hâter le pas son approche, comme si l'on était impatient de voir son hôte. Mais lorsqu'on l'accompagne, on doit marcher très lentement.
6. En général, quand le maître introduit quelqu'un dans sa maison, il lui cède le pas et marche un peu en arrière. Un serviteur de la maison marche en avant, portant ostensiblement la carte du
visiteur. Mais pour reconduire son hôte, le maître le précède. Cependant cette prescription ne paraît point absolue ni générale.
7. Les manchettes de cérémonie, dites pied-de-cheval ma-ti-sieou, à cause de leur
forme, ne sont rabattues que devant un supérieur, ainsi que dans les visites officielles, et enfin quand on sacrifie.
8. Étant assis, on doit avoir les mains étendues dans les manches, sans laisser paraître les doigts ; et on maintient les mains disposées de la sorte tranquillement sur les genoux (Pl. II).
9. On distingue deux manières de s'asseoir, savoir, à demi pan-tsouo et en plein man-tsouo. Par pan-tsouo on entend s'asseoir sur le bord de la chaise, comme lorsqu'on
est devant son supérieur : car alors l'inférieur doit se lever, dès que le supérieur l'interroge sur quelque chose, et il ne peut se rasseoir, qu'après avoir répondu à la question qui lui était
adressée. Si cependant la réponse était longue, et que les demandes fussent fréquentes, le supérieur ne pourrait se dispenser de faire asseoir son interlocuteur. On emploie la deuxième manière
man-tsouo (s'asseoir à son aise, sans cependant transgresser les lois de la bienséance) entre égaux, avec ses inférieurs, et même avec les supérieurs, si on les visite en ami et non pas
d'une manière officielle (Pl. II).
10. Il n'est point permis d'appuyer les coudes sur quoi que ce soit ; à moins que dans le cours d'une visite pour affaires, cette posture ne soit exigée par les affaires que l'on traite.
11. Il est clair que l'on ne peut croiser les pieds, ni à plus forte raison les jambes, sans blesser la plus simple politesse.
12. Les inférieurs ne peuvent point porter leurs lunettes devant les supérieurs. Dans le cas de nécessité, comme par exemple quand on doit lire quelque chose, au moment même, on en demande
tacitement la permission en montrant les lunettes ; on les prend ensuite. Dès que la nécessité n'existe plus, on est obligé de les ôter de nouveau.
13. Quant aux jambes et aux pieds, lorsqu'on est assis ou debout, il ne faut ni les écarter, ni les trop rapprocher ; en cela la nature renseignera mieux que la politesse étudiée. Lorsqu'on est
assis seulement à demi, les pieds ou plutôt les bottes seront naturellement couvertes de la partie inférieure de la robe, sans cependant qu'il soit permis de ramasser les pieds par
derrière.
1. On distingue six sortes de salutations.
2. La première kong-cheou, consiste à élever l'extrémité des manches à la hauteur du front, de la bouche, ou au moins du menton, selon le degré de respect dû à la personne que l'on
salue, les deux mains restant soigneusement cachées dans les manches. Ce salut n'est employé qu'envers les égaux, et encore n'a-t-il lieu que dans les circonstances moins solennelles, et, pour
ainsi dire, de chaque moment. Cependant, quelquefois la règle souffre exception ; à table, par exemple, le serviteur présente-t-il du vin à un hôte, même supérieur en dignité au maître de la
maison, celui-ci ne lui fait de loin que ce salut, quoique toujours il doive le faire debout (Pl. III).
3. La seconde fou-cheou qui n'est une cérémonie que dans le sens moins strict de ce mot, consiste en une inclination de tête, accompagnée d'un léger mouvement des épaules. Elle ne peut
être employée qu'envers les égaux et les inférieurs ; un supérieur la fera, par exemple, lorsqu'il doit, à son passage, rendre un salut à des inférieurs qui lui font le sou-li ; car
alors il est libre de faire le kong-cheou ou le fou-cheou (Pl. IV).
4. La troisième salutation consiste en une révérence nommée sou-li. Elle consiste à rester debout, immobile, la tête un peu inclinée en avant, et les bras pendants. On l'emploie pour ses
supérieurs, auxquels il n'est point permis d'adresser les deux premières espèces de salutations kong-cheou et fou-cheou (Pl. V).
5. Tso-i, autrement dit ta-kong, consiste à courber le corps à peu près à
angle droit, de sorte que les deux mains, complètement cachées sous les manches, se rencontrent et s'unissent à la fin de cette révérence, un peu au-dessous des genoux ; cela fait, on élève les
manches à la hauteur des sourcils, en même temps qu'on se relève ; puis, en les rabattant tout doucement, on les sépare et on les laisse pendre d'une manière naturelle (Pl. III,VI). Cette
salutation peut être employée pour tout le monde, ses propres parents exceptés. C'est pin-tchou li, cérémonie entre visiteur et maître de maison, qui peut être employée même par un élève
envers son maître dans les relations ordinaires. Au nord, les plus grossiers paysans la font entre eux, n'y eût-il qu'un seul jour qu'ils se fussent rencontrés (Pl. IV).
6. La cinquième espèce de salutation ta-k'eou, est une simple génuflexion ; elle n'est employée, paraît-il, que par les serviteurs, tels que les eul-yé par exemple, envers leurs
maîtres. Plusieurs affirment néanmoins qu'elle est faite aussi par les mandarins inférieurs (les sous-préfets, par exemple) envers quelqu'un des grands supérieurs directs (Tao-t'ai,
Fan-t'ai), lorsqu'ils font le ts'ing-ngan (souhaiter le bonjour). Les Européens n'ont pas à en faire usage (Pl. V).
7. Enfin la sixième manière de saluer est une prostration dite ki-cheou, ou k'eou-t'eou. Elle consiste tout d'abord à s'agenouiller à terre, puis à élever les deux manches
jointes à leurs extrémités, avec les manchettes ma-ti-sieou rabattues, à la hauteur de la tête, qui s'abaisse alors profondément sans toucher cependant le sol. On relève enfin la tête,
en séparant lentement les deux manches (Pl. VI).
Cette révérence, la plus grande de toutes, est réservée pour des personnes déterminées et
des circonstances tout à fait solennelles. Elle se subdivise en plusieurs classes.
8. La première est celle qui est réservée à l'Empereur en personne tch'ao-kien, ou à sa tablette pai-p'ai (Pl. X et Pl. XI). Elle se fait encore, quand on entend lire quelque
ordonnance impériale tou cheng-tche (Pl. XII), ou quand on fait la cérémonie dite pai-tseou-tché (salut pour l'envoi d'une supplique à l'Empereur). Elle consiste en neuf
prostrations consécutives, après chacune desquelles on doit se relever. Cependant, quand on entend lire l'annonce de la mort de l'Empereur et de l'Impératrice, on ne fait, paraît-il, que [] ;
c'est-à-dire, qu'on fait trois prostrations, et à chacune d'elles, trois inclinations de tête profondes (Pl. XI).
9. La deuxième classe de k'eou-t'eou se compose de quatre prostrations distinctes. Le nouveau marié emploie cette salutation, qui constitue le rite essentiel du mariage civil, tant pour
adorer Dieu, s'il est chrétien pai-t'ang (Pl. VII), que pour saluer son épouse kiao-pai (Pl. VI). J'ai dit, le nouveau marié : car la femme de son côté, ne fait dans chacune de
ces deux circonstances qu'une prostration avec quatre inclinations de tête.
10. La troisième classe consiste en une seule prostration avec quatre inclinations de tête : c'est ainsi qu'un fils doit saluer son père et sa mère dans certaines circonstances ; par exemple, au
premier jour de l'an pai-nien
(saluer l'année, Pl. VIII) ; au jour anniversaire de leur naissance pai-cheou
(saluer la longévité, Pl. IX). Dans cette dernière circonstance, toutes les personnes qui viennent prendre part à la fête, doivent faire le même salut devant le caractère cheou,
longévité. Cette prostration est encore employée par les enfants nouvellement mariés, qui demandent des instructions à leurs parents ts'ing-hiun ; enfin par les élèves et par les
apprentis qui saluent pour la première fois leurs maîtres ou leurs patrons pai sien-cheng ; pai se-ou.
11. La quatrième est une prostration suivie de trois inclinations de tête seulement : c'est le t'ing-tsan-li (cérémonie du salut officiel à un supérieur), qui se fait lui-même de deux
façons, suivant qu'il est suivi, ou non, de trois tso-i. Les préfets, sous-préfets etc. quand ils visitent le vice-roi et le gouverneur, font les trois tso-i ; tandis que les
mandarins tout à fait inférieurs, que l'on appelle cheou-ling tsouo-tsa koan (employés supérieurs ou inférieurs), n'ont pas le droit de faire les tso-i devant ces supérieurs,
non plus du reste qu'ils n'ont celui de s'asseoir en leur présence.
12. La cinquième espèce de k'eou-t'eou consiste en une seule prostration suivie d'un tso-i. C'est ainsi que l'élève salue son maître dans certaines circonstances solennelles, à
l'exception toutefois de celle dont il a déjà été parlé plus haut. Il paraît que les mandarins d'égale dignité et unis d'amitié, s'adressent mutuellement ce salut dans des circonstances plus
solennelles, et quand ils se revoient après une longue absence ; ils se tournent alors tous deux vers le nord.
1. Nous désignons par là uniquement la salle où se font les cérémonies d'usage, et non point
les salles judiciaires où les mandarins jugent les causes en litige, c'est-à-dire ta-t'ang et eul-t'ang. Or il existe deux espèces de salle de réception.
2. La première s'appelle tcheng-t'ing ; elle se trouve en ligne droite avec la porte d'entrée principale tcheng-men, et elle est composée de trois pièces, san-kien. En
cela, elle diffère et du hoa-t'ing, qui est la deuxième espèce de salle de réception, dont nous parlerons tout à l'heure ; et du k'o-t'ing, qui est construit aussi en ligne
droite avec la porte d'entrée, mais qui se compose d'une seule pièce i-kien, ayant à droite et à gauche deux chambres complètement distinctes et séparées, dites ts'e-kien.
En dehors de ces salles, on pourrait en avoir bien d'autres : les chou-fang (bibliothèque, cabinet de travail), les han-tch'oan (pavillon construit en forme de barque, où l'on
se réunit pour causer, prendre le thé, s'amuser etc., autrement dit liang-t'ing, hien-t'ing, men-t'ing), etc. Mais comme il n'y a rien de fixe peur les orner, je me contente de donner le
plan qui présente à peu bris l'ensemble de tous ces bâtiments (Pl. XXVI).
3. Voici maintenant comment il faut orner la première salle.
D'abord, vis-à-vis de la porte d'entrée de la salle, on suspend ordinairement au mur (ou
plutôt à la cloison traditionnelle, composée de grandes portes à deux battants presque perpétuellement fermées), à la hauteur voulue, une peinture représentant le plus souvent un panorama
quelconque, un paysage, ou quelque autre sujet semblable tchou-tse (Pl. VII). On place à droite et à gauche une paire d'inscriptions verticales toei-lien (Pl. VII). Au-dessus du
tableau principal, on met une inscription ordinairement horizontale, dite pien-ngo ; au-dessous, on dispose une table oblongue d'une forme déterminée, appelée t'iao-ki ou
t'ien-jan ki, qui doit être appuyée contre la cloison sus-mentionnée. Sur cette table, on met d'un côté un vase de fleurs hoa-p'ing (Pl. IV) ; et de l'autre, un objet
d'ornementation quelconque, ordinairement un miroir tch'a-king, ou une pierre résonnante k'ing-che, etc. Au milieu, on n'est point obligé de mettre quoi que ce soit ; on peut le
faire cependant.
Au devant de cette table oblongue et en contact immédiat avec elle, on met une, ou encore
mieux, deux tables carrées fang-t'ai, autrement dites fang-tcho ou pa-sien-tcho, sur lesquelles on ne peut rien poser. Quelquefois elles sont remplacées par une table
d'une seule pièce, aussi oblongue, dite tong-tcho. À droite et gauche de cette ou des ces tables, on place deux grands fauteuils chinois à dossier et bras arrondis k'ao-lao i,
autrement dits t'ai-che i ; ou bien à dossier et bras carrés ts'iuen-che-king i. Puis, presque en ligne parallèle avec les deux colonnes, un peu en arrière, à une distance
voulue, six autres grands fauteuils de la même forme que les deux précédents. Ces six sièges, trois de chaque côté, alternent avec quatre tables à thé tch'a-ki, soit oblongues, soit
carrées, ce qui serait plus conforme à la mode actuelle. Aux pieds de ces tables, on met ordinairement autant de crachoirs, soit en métal, soit en porcelaine. Ensuite on place deux grands
tabourets carrés ta-fang ki, appuyés contre les deux colonnes, ou contre la porte d'entrée, un peu à l'écart. Régulièrement, on ne met rien au milieu de la salle ; mais si elle était
fort grande, on pourrait placer entre la porte d'entrée et les deux rangées de chaises, une table ronde yuen-t'ai (Pl. XXVIII), ou une table oblongue dite tong-tcho. Aux deux
côtés de la salle, on peut mettre contre le mur, au milieu, une table semi-circulaire pan-yuen-t'ai (Pl. XXVIII), ou un grand canapé k'ang-tch'oang (Pl. XXVIII). Il est
également permis de placer un canapé d'un côté, une pan-yuen-t'ai de l'autre ; ou enfin une pan-yuen-t'ai d'un côté et une table carrée de l'autre. Toutes ces combinaisons sont
laissées à la liberté de chacun et à ses moyens pécuniaires. Sur ces tables, on peut mettre quelques objets précieux ou de curiosité, comme pendule, pot de fleur etc. ; aux deux côtés des tables,
l'usage permet de mettre symétriquement des fauteuils moins grands, appelés pan-che-king, ou de simples chaises, tan-k'ao, autrement dites i-tse i. Dans un des coins et
au fond de la salle, on place ordinairement un che-t'ai ou che-mien tcho (Pl. XXVIII), espèce de tabouret, surmonté d'une épaisse et grande brique dite king-tchoan (Pl.
XXVIII), destinée à recevoir lampes, briquets, et autres objets semblables. Si on voulait mettre des inscriptions verticales sur les colonnes, on devrait pendre aux colonnes de devant les
inscriptions verticales en bois, et de forme convexe pao-tchou tei ; tandis qu'aux deux autres colonnes on met ordinairement des inscriptions verticales de forme plane ing tei ;
à côté du tableau principal, au-dessus de la table oblongue, on pend ordinairement celles de papier tche-tei. On pourrait évidemment mettre bien d'autres ornementations tout autour des
murs de la salle, etc. ; mais elles ne sont pas exigées par l'usage, je les passe donc sous silence : d'ailleurs il n'est point possible d'énumérer toutes ces combinaisons, qui varient plus ou
moins avec les pays.
4. Les jours ordinaires, on peut laisser les tables et les chaises sans ornements ; pour les visites ordinaires, on met des coussins ; et dans les grandes circonstances, on met en outre sur
chaque chaise une espèce de draperie dite i-p'i. De plus, à la table qui se trouve au devant de la table oblongue t'ien-jan ki, on attache dans les circonstances solennelles une
espèce de tenture, appelée tcho-wei ou i-ta. Cette tenture pendante doit être attachée sur le côté parallèle à la veine du bois. Aussi, avant de l'attacher, il faut d'abord
tourner la table, qui, aux jours ordinaires, est placée de façon à présenter le fil du bois perpendiculairement à la porte d'entrée.
5. La matière pour faire les coussins tsouo-jou, les i-p'i, et les tcho-wei, est le ni, drap, ou pi-k'i yu-mao, et doit être de couleur rouge.
Seulement, les coussins pour la saison d'été doivent être en cuir hiang-nieou p'i, ou en tresses de kia-wen ts'ao, ou long-sou ts'ao. Nous parlerons plus tard des
décorations de deuil.
6. Les deux premiers fauteuils, qui se trouvent des deux côtés de la table carrée, doivent être inoccupés dans les visites ; et c'est pourquoi la première place est le premier des fauteuils
alignés du côté gauche ; la deuxième, le premier fauteuil du côté droit, et ainsi de suite.
7. La place du maître de la maison doit être ordinairement la dernière : aussi s'il y avait six visiteurs, le maître s'assiérait sur un des tabourets carrés placés de l'autre côté des colonnes de
devant : s'il y a plus de six visiteurs, on tâchera de trouver autant de fauteuils de même grandeur et de même forme, et on les placera sur la même ligne que les autres.
8. Pour rendre la chose plus claire, je vais mettre sous les yeux du lecteur la figure suivante :
9. Pour l'orientation de la deuxième espèce de salle, dite hoa-t'ing, il n'y a rien
de fixe, si ce n'est qu'elle ne se trouve point en ligne droite avec la porte d'entrée.
10. Son ameublement est à peu près le même, sauf les différences suivantes. 1° : Au lieu d'une ou de deux tables carrées devant le t'ien-jan ki, on place un grand canapé nommé
k'ang-tch'oang (Pl. XXVIII). 2° : Devant le canapé, à une distance raisonnable, on place une table ronde entre les deux rangées de chaises. 3° : Au lieu de mettre six fauteuils au
milieu, on n'en met que quatre ; et les quatre autres sont placés au pied du mur, des deux côtés. De plus, on peut appuyer deux tables contre les murs latéraux, ou contre ceux de la porte
d'entrée. 4° : Les fauteuils du milieu doivent être aussi de grande forme, soit ts'iuen-che king, soit pan-che king ; quant aux simples chaises, tan-k'ao, elles ne
peuvent être placées que le long du mur, comme dans la grande salle tchen-t'ing. 5° : Au-dessous du tableau de règle tchou-tse, sur le t'ien-jan ki, entre le pot de
fleur et l'objet d'ornementation, on doit mettre deux cylindres nommés mao-kia, un de chaque côté ; ils sont destinés à recevoir les chapeaux de cérémonie. 6° : Entre ces deux cylindres
et le pot de fleur d'un côté, l'objet d'ornementation de l'autre, on place deux chandeliers dits la-ts'ien, (Pl. XI). Voici la figure.
1. On peut faire les cadeaux à n'importe quelle époque de l'année, et pour une foule de
raisons, mais tout spécialement : 1° à la fin de l'année nien-li ; 2° pour féliciter quelqu'un à l'anniversaire de sa naissance ; 3° dans la circonstance des funérailles d'un personnage
auquel on doit le respect.
2. Pour faire un cadeau un peu convenable, il faut tout au moins quatre espèces d'objets. Un pot de vin et un jambon ou une cuisse de porc frais y figurent presque toujours ; on offre de même,
entre autres choses, une certaine quantité de vermicelle cheou-mien, pour le cadeau de l'anniversaire de naissance cheou-li. Poulets, canards, poissons, fruits, encre, pinceaux,
papier à lettre, pièces de soie et une foule d'autres objets peuvent être offerts. Les moutons peuvent être amenés vivants ; il n'en est pas de même pour les porcs, dont on n'offre d'ordinaire
qu'une partie. On met tous ces objets, si la chose peut se faire, dans un ou deux t'iao-siang (Pl. XXXIII). Avant d'envoyer le cadeau, on doit faire une liste de tous les objets
li-tan : on les écrit verticalement, mais dans le sens de la largeur du papier, sur un king-p'ien de grand format, avec de petits caractères réguliers siao-kiai, et
assez espacés. Il y a des formules faites pour cela avec des noms spéciaux plus ou moins poétiques : ainsi, pour dire deux poulets, on écrirait té-kin se-i (oiseaux vertueux, quatre
ailes). On les trouvera dans Tcheou-che kin-nang, ing-tcheou hoei-siuen, et quelques ouvrages semblables. Cette liste ainsi écrite doit être mise dans une boîte destinée à cet usage,
nommée pai-t'ié hia (Pl. XXXIII). On y joint une carte de visite ; mais il n'est pas nécessaire d'ajouter le ts'iuen-kien t'ié. Si on veut faire un cadeau en argent, on le
mettra aussi dans cette même boîte. On emploie trois domestiques pour envoyer ce cadeau ; l'un d'eux, porteur de la boîte aux cartes, est d'ordinaire un eul-yé, bien instruit de ce qu'il
y a à faire dans ces circonstances. Pour remplir dignement sa fonction, il convient qu'il prenne un chapeau de cérémonie. Arrivé chez celui à qui le cadeau est destiné, il remettra la boîte
pai-t'ié hia au portier de la maison ; puis, en présence du maître ou de celui qui est chargé de recevoir le cadeau, il fera sortir des caisses les objets qu'on a apportés.
3. Pour recevoir un cadeau envoyé par un homme de considération, la politesse demande que le
maître vienne lui-même inspecter tous les objets présentés ; puis il se retire et charge quelqu'un des employés de la maison de prendre les objets de son choix. Si cependant le cadeau venait d'un
homme peu considérable ou d'une condition beaucoup moindre que celle du maître de la maison, celui-ci pourrait se dispenser de cette inspection et charger quelqu'un de recevoir les objets qu'il
lui aurait désignés d'après la liste des cadeaux. En tout cas, il ne faut pas que le maître vienne lui-même prendre les objets choisis, en présence des envoyés du donateur.
4. Pour le nombre des objets à prendre, il y a plusieurs choses à considérer. Si le cadeau est envoyé par un subordonné, comme expression de respectueux hommage ou de reconnaissance, par exemple,
quand les notables font des cadeaux aux sous-préfets et autres mandarins locaux : le supérieur peut recevoir le cadeau en entier. Quand un notable envoie un cadeau à un agent du service public,
au ti-pao par exemple, pour des services rendus ou à rendre, celui-ci le reçoit aussi tout entier. En dehors de ces cas, les cadeaux de politesse ne doivent point être reçus en entier ; mais
quand le nombre des objets est modéré, par exemple, de quatre ou de huit, on peut recevoir jusqu'à la moitié des objets offerts. Si le nombre était considérable, par exemple, vingt ou trente
espèces, on ne prendrait qu'un tiers ou un quart seulement. Il y a certains objets que l'on reçoit presque toujours, comme par exemple, le pot de vin, le jambon ou la cuisse de porc frais, le
vermicelle et le paquet de bougies (ces deux derniers objets s'offrent au jour anniversaire de la naissance) etc. etc. Pour les objets laissés au choix du maître, celui-ci prendra de préférence
ceux qui sont les plus communs et les moins coûteux ; à moins que des raisons spéciales, comme par exemple, la reconnaissance que témoignerait le donateur par ce présent, n'autorisent quelqu'un à
choisir au contraire les objets plus précieux.
5. Quelquefois il arrivera que, pour obliger un ami à accepter tous les objets qui sont offerts, l'on enverra à son adresse, sans se servir des t'iao-siang ordinaires, des domestiques
chargés de déposer les présents chez lui ; en ce cas, on ne saurait refuser ce qui est ainsi apporté.
Que l'on reçoive les cadeaux en entier ou en partie seulement, on doit écrire un sié-t'ié, de la même forme que le li-t'ié du donateur ; c'est-à-dire que l'on répond au
ts'iuen-kien t'ié, par un ts'iuen-kien t'ié ; à un kou-kien t'ié, par un kou-kien t'ié ; et enfin à un simple li-tan, par un simple
sié-p'ien. Les formules de ces remerciements sont différentes les unes des autres ; on peut les voir dans les ouvrages cités plus haut. Sur ce même sié-p'ien, on indique en
outre les deux sommes d'argent données aux envoyés du donateur, king-che, et li-kin, la première au porteur de la carte, la seconde aux porteurs des objets. Ces deux sommes, qui
se donnent toujours ensemble, même si personne n'a été spécialement chargé de porter la carte, doivent être proportionnées au prix du cadeau envoyé, et non pas à celui de la partie qu'on a reçue.
L'usage prescrit au moins un dixième du prix du cadeau, et, entre mandarins, on arrive jusqu'aux trois dixièmes. De cette somme totale, à moins qu'on ne l'inscrive sans aucune division, on
destine ordinairement une plus grande partie au porteur de la carte king-che et une partie moindre aux autres gens de service li-kin ; ainsi, si l'on donnait en tout une somme
de mille sapèques, on mettrait six cents sapèques pour king-che, et quatre cents seulement pour les porteurs du cadeau. Mais cela n'est qu'une pratique sans conséquence : car en réalité,
cette somme totale, quelle qu'elle puisse être, doit être divisée entre tous les domestiques de la maison, puisqu'ils sont obligés tous, chacun à leur tour, de remplir ce service. Si cependant le
porteur de la carte était un eul-yé dans le sens strict de ce mot, on devrait, au lieu de king-che, donner le tai-tch'a, qui est presque toujours en argent ; et cette
petite gratification est destinée au seul eul-yé et ne sera pas partagée avec les autres domestiques.
7. Si on ne reçoit pas le cadeau en entier, on doit rendre le li-tan, après avoir noté par un rond les objets reçus ; et on le met dans le pai-t'ié hia sus-mentionné, avec le
sié-t'ié et la carte de visite du donataire.
8. Si on voulait faire un cadeau moins considérable et sans solennité, on pourrait se contenter d'envoyer un domestique le porter avec une carte de visite, soit que l'on n'écrive rien sur cette
carte, soit qu'on y fasse le détail des objets envoyés. Dans le premier cas, le destinataire peut tout retenir, et, pour remercier le donateur, il n'a qu'à donner sa carte de visite sans rien
écrire dessus; il ajoute une gratification au domestique porteur du cadeau. Dans le second cas, le donataire ne peut d'ordinaire recevoir qu'une partie du cadeau, et sur la carte de remerciement
il doit écrire le caractère sié.