John Grand-Carteret (1850-1927)
CHINOIS D'EUROPE ET CHINOIS D'ASIE
175 images satiriques, françaises et étrangères, noires et coloriées,
tirées par les cheveux sur papier blanc, à l'encre de [ma...] Chine.
Documents illustrés pour servir à l'histoire des chinoiseries de la politique européenne de 1842 à 1900.
Ces images sont tirées du facsimile gallica disponible ici. Il peut arriver quelquefois que la netteté de l'édition-papier ne soit pas aussi bonne que ce que l'éditeur aurait souhaité. Mais l'intention du dessin est toujours bien présente.
- Avant toutes choses, replaçons-nous à fin 1900, après les Boxers : en ces temps de commémorations, ne pas hésiter à remonter plus loin que Sarajevo.
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"Dans son ensemble, la caricature ne paraît pas ajouter grand foi aux solennelles affirmations des ministres et des gouvernements se posant en vengeurs de la
civilisation, prêts à infliger un châtiment sans nom à la barbarie chinoise.
Non sans une certaine apparence de raison, elle s'est demandée pourquoi cette Europe si civilisée, cette Europe qui est armée jusqu'aux dents ne partait pas immédiatement en guerre, et même ne se croisait pas — ce qui serait conforme à la tradition — contre l'ennemi commun.
Ce que la caricature sait fort bien — depuis des années elle n'a cessé de l'indiquer en images parlantes — c'est que l'Europe voudrait pénétrer en Chine, s'y installer à sa guise, en faire sa chose et surtout y faire de la bonne petite commerce, car cette Europe très chrétienne est avant tout assoiffée d'échanges, de concessions, de privilèges financiers, d'avantages matériels, disons le mot, de pièces de cent sous."
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"La Chine est donc pour elle du bon nanan, un gâteau auquel volontiers l'on goûterait, et quand il s'agit de partager un gâteau, les hommes, un peu comme les
enfants, se trouvent rarement d'accord. Chacun a de bonnes raisons pour s'octroyer la plus grosse part, et tel l'enfant terrible de Gavarni, préfère rien du tout, plutôt que de savoir que
c'est Ernest qui a tout.
Et voilà pourquoi le fameux « concert européen », dont l'image se moque toujours si agréablement, n'a pas encore attaqué son grand morceau.
La caricature est persuadée — et peut-être n'a-t-elle point tort — que la guerre de Chine, depuis si longtemps annoncée, va être le fameux brandon de discorde qui doit mettre le feu aux poudres. En allant à Tien-Tsin, dit un satiriste, tout allait fort bien, mais, en revenant de Pékin, chacun se traitait de coquin. "
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"Fidèle à son rôle — ce dont on ne saurait la blâmer — la caricature ne ménage ni ce concert des puissances — pour elle la plus belle chinoiserie qui se puisse
voir — ni la soi-disant civilisation qui consiste à venir apporter aux Chinois tous les poisons possibles et tous les engins de destruction perfectionnés, inconnus à la barbare
Asie.
En ses dessins l'on sent même passer quelque chose de cet esprit philosophique qui avait fait la grandeur du dix-huitième siècle. Tout au moins est-ce la note prédominante quoique, souvent, le crayon place les armées européennes et le nouveau chevalier de Saint-Georges, l'empereur Guillaume, devant le terrible dragon chinois. Compositions qui, volontiers, se pourraient comparer à certaines imageries russes. "
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"Voyons, mes chers compatriotes d'Europe, que diriez-vous si, sous prétexte que la civilisation jaune — antérieure à la nôtre de plus de quarante siècles, — est
supérieure à la civilisation blanche, les Chinois d'Asie se mettaient un beau jour dans la tête de venir inculquer à ces Chinois d'Européens leurs mœurs, leurs idées, leurs moyens de
locomotion, leur cuisine à petites baguettes, leurs Bouddhas de bronze ou de porcelaine ?
L'Italie aux Italiens, a dit Napoléon III ; l'Allemagne aux Allemands, a su faire Bismarck ; l'Amérique aux Américains, clame chaque jour Jonathan chassant avec force horions les pauvres Célestes, le bétail jaune. Alors, véritablement, je ne vois pas pourquoi la Chine n'aurait pas, elle aussi, le droit de dire « La Chine aux Chinois ». Et en quoi cela pourrait-il empêcher la terre de tourner ? "
Extraits : Li Hung-chang - Images françaises - Images italiennes, suisses, hongroises,...
Images belges - Le partage du gros saucisson
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Image publiée lors de la visite de l'homme d'État chinois à Bismarck.
Et tout le long des pattes de l'araignée européenne, représentant les gros fils de la toile, sont les chemins de fer qui viennent aboutir à Kartoum, à Bagdad, à Erzerum, à Pékin. Les monuments de l'Europe moderne, comme les aqueducs furent ceux du monde romain !
Résidant à Pékin, sublime cité où
Je règne sous le nom si doux de Si-bay-Hou,
J'exècre qu'on m'ennuie, j'exècre qu'on me chine
Et n'aime qu'un pays vieux, mais jaune : la Chine.
En voyant mon profil (?) qui n'a rien d'un minois,
Chacun craint que la Chine ne reste au Chinois,
Jusques au jour où Dieu laissant les anciens moules,
Fasse pousser des dents en la bouche des poules.
Portrait-charge de Léandre pour le Musée des Souverains.
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Images belges
Belges, parce qu'elles sont publiées dans La Réforme, de Bruxelles, un journal quotidien à gros tirage, qui a suivi l'exemple du
Figaro, en donnant une place à l'image, mais leur auteur, Julio, est Italien. Et Julio, aux côtés de Caran d'Ache, est très certainement le premier caricaturiste politique de l'Europe
actuelle.