H. Doré : ... Superstitions en Chine. Troisième partie. Tome XIV
LA DOCTRINE DU CONFUCÉISME (JOU-KIAO)
Variétés sinologiques n° 51, Imprimerie de la Mission catholique
à l’orphelinat de T’ou-sé-wé, Zi-ka-wei, 1919, XVI + 344 pages + 70 illustrations.
- "Les livres canoniques de la Chine King, "règle, direction", sont les anciens monuments de ses premiers Sages, les dépositaires de son histoire et de sa religion primitive. Toujours ils ont été considérés comme étant d'un ordre supérieur, et les lettrés les rangent au premier rang, comme la source de la science et de la morale des Chinois ; ils en ont fait des poteaux indicateurs, montrant la voie suivie par les anciens, et invitant les nouvelles générations à imiter la rectitude de leur conduite. Ils sont donc la véritable base du Jou-kiao, car les lettrés se font gloire de suivre la doctrine de ces livres antiques."
- "Le Jou-kiao n'est point une religion, c'est plutôt une école, une secte de gens de lettres et de politiciens, bien plus préoccupés d'œuvres littéraires et de moyens de gouvernement, que de métaphysique et de religion. S'ils font si grand cas du dépôt des traditions antiques, conservé dans leurs livres canoniques, odes et annales, c'est que cette doctrine fut utilisée par les anciens sages, comme moyen de gouvernement... Le culte des ancêtres, des patrons du sol, des monts et des fleuves, en général tous les procédés gouvernementaux des âges antiques, décrits dans leurs anciens livres, sont devenus pour cette école comme la pierre angulaire de leur édifice doctrinal."
- "Cette école essentiellement traditionaliste se fit gloire pendant des siècles de copier servilement les anciens. De là cette sorte de culte pour leurs livres canoniques ; de là encore cette vénération pour Confucius, qui, grâce à ses manuels qu'on a pu recomposer en partie après l'incendie des anciens livres, sous Ts'in Che-hoang-ti, a pu transmettre aux générations suivantes, quelques débris des antiques traditions. Le Jou-kiao repose donc sur les Canoniques : Odes, Annales, Rituel, Mutations, Chronique, comme sur ses véritables bases. Sa doctrine, c'est la doctrine des Canoniques, ou du moins celle que les divers commentateurs ont cru y découvrir."
Extraits : Les Tcheou. Guerres féodales et ramifications du Jou-kiao
Les quatre vertus cardinales, se i - Le confucéisme popularisé par le prospectus
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Lettrés des premiers Han. À gauche, Kao-t'ang-cheng. Après la destruction
des livres par Ts'in Che-hoang-ti, quand on eut retrouvé 17 chapitres du Che-li, il ne se trouva que Kao-t'ang-cheng, parmi tous les lettrés, qui put reconstituer le texte en entier et
l'expliquer.
À droite, Mao Tch'ang. Avec les vieux manuscrits retrouvés, et collectionnés par le roi, Mao Tch'ang travailla à restituer le texte des Odes, que son père lui avait transmis.
Le dépôt des traditions antiques, (surtout dans son point essentiel, le culte d'un souverain
et unique dominateur), resta à peu près dans son intégrité, tant que le pouvoir impérial demeura fort, et maintint l'unité de gouvernement. Mais la constitution féodale des Tcheou devait aboutir
tôt ou tard au morcellement du territoire et au partage de l'autorité. Mille ans avant l'ère chrétienne, sous l'empereur Tchao-wang, 1052-1002, le pouvoir impérial commença à faiblir, les vassaux
tentèrent de secouer le joug. Sous le règne de Yeou-wang, 782-771, c'était l'agonie du pouvoir central, et moins d'un siècle plus tard, la ruine était consommée. L'empire se partagea peu à peu en
une vingtaine d'États indépendants, l'empereur ne fut plus qu'une statue couronnée, qu'il était de tradition de respecter, pourvu qu'il ne se mêlât de rien.
L'unité des croyances traditionnelles subit le contre-coup de ce revirement politique. Le territoire divisé, l'autorité partagée, les croyances se ramifièrent, les sectes se multiplièrent.
Jusque-là, disent les historiens, le dépôt des croyances antiques, semblable à un fleuve majestueux, roulait ses eaux fécondes dans un lit unique, mais soudain les digues se brisèrent et par de
larges brèches, les eaux se partagèrent en de nouveaux courants. Ainsi arriva-t-il pour la doctrine pendant les guerres de la féodalité, les croyances se multiplièrent comme les États. Même au
culte de l'Être Suprême s'adjoignit le culte des Cinq souverains : bientôt la confusion dans les idées n'eut d'égale que l'anarchie dans l'État.
ÉCOLES DIVERSES ET MODE DE RAMIFICATION
Tout lettré chinois est doublé d'un politicien : pour lui, le Jou-kiao est bien plus une école de gouvernement qu'un code religieux, ou un système philosophique. En Europe, on se base sur les
idées philosophiques pour bâtir les systèmes, les lettrés chinois diversifièrent leurs écoles d'après les divers modes de gouvernement, et c'est en cela surtout que consiste l'originalité du
procédé.
I. Le ritualisme utopique et les Légistes mitigés
A. Le ritualisme utopique.
Le gouvernement patriarcal des anciens Sages était basé, disent les tenants du système, sur le seul ascendant de la vertu, et sur la bonté native de la nature humaine. L'homme naît avec une
nature entièrement bonne, Jen-tche-tch'ou-sing-pen-chan. Il suffit pour le gouverner de lui prêcher la vertu par la parole, par l'exemple et par les rites, en un mot il suffit de l'éduquer. C'est
la théorie des lettrés de la vieille école. Voici les principaux tenants du système pendant la période du Tch'oen-ts'ieou et des luttes féodales.
1° Chou Hiang ou Yang-ché Hi.
La famille Yang-ché était une branche collatérale de la famille des rois de Tsin. Chou-Hiang, grand seigneur, lettré des plus distingués de son époque, par ailleurs habile politique, devint le
conseiller intime de P'ing-kong en 557 ; pendant 30 ans il fut le bras droit des rois de Tsin, dont l'hégémonie s'exerçait sur les États du Nord. Avec Tse-tchan, lettré célèbre et premier
ministre du royaume de Tcheng, l'âme de la principauté, ils furent les deux hommes marquants de cette période. Pour les rites, la sagesse, la science, la politique, la vertu même, ils furent les
rois de l'époque. Confucius de son vivant fit peu de bruit, le petit royaume de Lou était alors en décadence et comptait pour peu ; de plus, Confucius ne fit qu'apparaître parmi les grands
dignitaires de son temps, tandis que Tse-tchan et Chou-hiang occupèrent toute leur vie une position officielle de premier ordre, qui donnait une grande influence à leurs paroles et à leurs actes,
ils jouèrent un rôle glorieux dans toutes les cours princières, furent membres des principales ambassades et mêlés à toutes les questions politiques. Confucius lui-même a dit que Chou-hiang était
"une relique des anciens temps" et on rapporte qu'il pleura à la mort du Sage Tse-tchan. Ces deux hommes incarnent les idées de la plus pure aristocratie des lettres et de la philosophie à cette
époque. Chou-hiang fut le tenant de la doctrine traditionnelle ou du gouvernement des peuples, par l'ascendant de la vertu, l'éducation et les rites, mais il eut plus d'ampleur de vues que
Confucius ; il ne se noya pas dans les minuties pharisaïques, dans les détails insignifiants, aussi se maintint-il jusqu'à sa mort, et sans déchoir, dans sa haute charge de conseiller des
princes, toujours écouté, toujours sage dans ses décisions et respecté dans toutes les cours. Tandis que Confucius erra de principauté en principauté, sans jamais pouvoir ressaisir une dignité
passagère, qui s'était évanouie à tout jamais; il ne fut apothéosé qu'après sa mort. Chou-hiang est au moment du Tch'oen-ts'ieou le plus en vue des partisans de l'ancien ritualisme
utopique.
2° Confucius. — M. Legge, dans son ouvrage Confucius and his doctrines, a peint Confucius d'un trait : "He was unreligious rather than irreligious". Il mit de côté, pourrait-on dire,
toutes les questions de surnature, sans se montrer agressif, il prit nettement l'attitude d'un désintéressé. Quelquefois dans ses réponses aux questions de ses disciples, il paraît secouer
négligemment les quelques doutes chancelants, qui restaient peut-être dans son esprit peu attentif aux choses d'une autre vie. À quoi bon s'attarder à toutes ces questions oiseuses, semble-t-il
dire ?
Ce geste du maître ne passa point inaperçu ; pour les lettrés chinois, Confucius est l'expression la plus parfaite du beau idéal de l'humanité, la perfection consiste à le copier fidèlement, même
dans ses travers. Hélas ! aussi à son exemple, ses disciples commencèrent à se désintéresser comme lui de tout surnaturel, et cette tendance pernicieuse les fit glisser comme sur une pente douce
vers l'athéisme complet du tchouchisme. Confucius fut comme le plan incliné entre l'ancienne et la nouvelle école.
3° Tse-se, petit-fils de Confucius.
4° Mong-tse (372-289). Disciple de Tse-se. Le plus célèbre des partisans de l'école ancienne après Confucius, il se fit lui aussi colporteur de politique, errant de principauté en principauté :
dans le royaume de Wei, sous Hoei-wang, au royaume de Ts'i, sous Wei-wang. Il eut en général peu de succès en politique, les princes de cette époque, occupés à s'entre-détruire, ne prêtaient
qu'une oreille distraite aux théories d'humanité et aux fadaises du confucéisme utopique.
5° K'iu Yuen membre de la famille royale de Tch'ou, grand conseiller de la cour, introducteur des rois et des princes lors de leurs visites et de leurs ambassades, rédacteur des édits impériaux,
sous Hoai-wang, 328-299. Grand lettré et poète, qui est resté célèbre par ses poésies élégiaques, dont la fameuse pièce intitulée Li-sao est demeurée comme le type du genre. K'in Yuen est un type
des plus achevés de l'ancienne orthodoxie confucéenne.
B. Les Légistes mitigés.
À l'époque des guerres féodales et surtout pendant l'ère sanglante des "Tchan kouo", on s'aperçut vite que la seule vertu et les rites ne suffisaient plus pour le gouvernement des peuples. Des
lettrés politiciens émirent aussi l'idée, très juste, que la nature humaine était partie bonne et partie mauvaise, par conséquent qu'il devenait nécessaire pour un sage gouvernement d'ajouter de
bonnes lois, à la prédication des rites et de la vertu : telle fut l'origine de l'école des Légistes mitigés Fa-chou.
Un épisode marquant nous apprend l'existence de cette nouvelle école, au temps même de Confucius. T'se Tchan, premier ministre du royaume de Tcheng, homme d'État et un des plus grands lettrés de
l'époque, crut devoir élaborer un code pénal et même pour le faire passer plus sûrement à la postérité, il fit fondre un grand trépied, vers 536, et y fit graver les nouvelles lois. Le sage
Chou-Hiang, le pur traditionaliste, le bras droit des rois de Tsin, mais partisan de la vieille école, fut scandalisé de la conduite de son ami et lui écrivit pour se plaindre de cette innovation
:
« Jusqu'ici je vous avais considéré comme mon modèle, je ne pensais qu'à vous imiter ; hélas ! maintenant c'en est fait ! Les anciens empereurs, examinant chaque cas en particulier, avant de
fixer leur jugement sur une action quelconque, étaient bien éloignés de l'idée de dresser un code pénal, etc. »
1° Tse Tchan avait eu déjà des précurseurs.
2° Tchao Choen, un des plus grands hommes d'État de Tsin, premier ministre en 621, édicta un code de lois.
3° Che Hoei, nommé premier ministre après son retour du royaume de Ts'in, y ajouta, vers 610, de nouveaux règlements.
4° Enfin le duc Tao-kong, 572-558, chargea Che Ou-tchouo, frère de Che Hoei et lettré de renom, de mettre la dernière main au code de lois des Tsin.
5° Teng Si-tse, contemporain et compatriote de Tse Tch'an, fut aussi un des tenants de l'école des Légistes.
6° Li K'o, conseiller de Wei Wen-heou, 424-387.
7° Li Koei, grand officier du même Wen-kong et gouverneur de Chang-ti, fut l'auteur d'un code de lois, dont s'inspira Wei Yang, le législateur de Ts'in, de l'école des Rigoristes.
Cette première école peut s'appeler : école des Légistes mitigés, Fa-chou. (>>> voir la suite >>>)
Lettrés des Song. À gauche, Ngeou-yang Sieou, 1007-1072. Avec Se-ma
Koang, il fut le leader des conservateurs pendant leurs luttes avec les novateurs. Outre d'immenses travaux il écrivit plusieurs réquisitoires contre le bouddhisme.
À droite, Se-ma Koang, 1019-1086. Un des principaux chefs du parti conservateur pendant les incessantes luttes contre Wang Ngan-che et les autres novateurs, il fut surtout un historien et un
écrivain inlassable. Comme doctrine il fut l'antagoniste des bonzes et des tao-che.
II. Légistes
draconiens (Lois pénales)
Le malheur des temps, les terribles guerres de cette époque calamiteuse allaient amener les politiciens à faire un pas de plus dans la voie de la répression. Non seulement, se dirent-ils, la
bonté native de l'homme sur cette terre est une utopie, non seulement la nature est en partie viciée, mais l'homme naît avec une nature totalement viciée, sa pente naturelle est vers le mal, et
seule la sévérité des lois, la rigueur des châtiments sont capables de le détourner du vice. Donc il faut des lois sévères, des sanctions rigoureuses, c'est le seul moyen pratique de gouverner à
notre époque. Ainsi fut fondée l'école des Légistes draconiens, partisans des mesures de rigueur, des lois punitives, dont le porte-drapeau est Han Fei-tse, disciple de Siun-tse, et qui
outrepassa la doctrine de son maître dans la voie de la rigueur. Cette école compte des hommes célèbres.
1° Le précurseur de ces légistes autoritaires fut Ou K'i, natif de Wei, qui fut ministre de Tao-wang roi de Tch'ou, de 387 à 381.
2° Kong-suen Yang, de la famille princière de Wei et nommé premier ministre de Ts'in Hiao-kong en 349. Aux philosophes utopistes, il opposa ces deux maximes : 1° Les lois doivent changer d'après
les temps et les circonstances. 2° La nature humaine est mauvaise, pervertie ; aux rêveries débonnaires d'humanité, il convient de substituer des lois strictes et des sanctions sévères.
3° Chen Pou-hai, premier ministre de Han (358-333).
4° Siun K'ing, appelé généralement Siun-tse, philosophe et lettré célèbre, originaire de Tchao. Le tout-puissant ministre de Tch'ou, nommé Hoang Hié, se fit son protecteur, le nomma préfet de
Lan-ling (au Chan-tong), en l'an 263 av. J.-C.
Il fut chef d'école et compta parmi ses disciples Han Fei-tse et Li Se. Siun-tse tout en restant ritualiste, s'écartait de l'ancienne doctrine en deux points : il niait la bonté native de la
nature, la regardait comme viciée, il voulait approprier les lois aux temps et les moderniser. Il fut comme le plan incliné entre les légistes mitigés et les légistes draconiens. Ses élèves
firent le pas en avant.
5° Han Fei-tse, prince de la maison régnante de Han. Il est rangé parmi les philosophes chinois. C'est lui qui a formulé le plus clairement la doctrine de l'école des Lois pénales,
Hing-ming-fa-chou. Il se suicida en 232.
6° Li Se, le célèbre ministre de T'sin Che-hoang-ti, qui provoqua l'édit destructeur des anciens livres en 213.
III. Politiciens, sophistes et machiavélistes
La Chine divisée en une foule d'États rivaux devint comme un champ clos, où les politiciens entrèrent en lice. Sans patriotisme et sans patrie, ils s'en vont de royaume en royaume, offrant leurs
services et se vendant au plus offrant, puis par une question d'amour-propre plutôt que de justice, chacun d'eux travaille pour le patron qui vient de le prendre à sa solde. Telle fut l'origine
de cette multitude de lettrés voyageurs, colporteurs de politique, appelés en chinois yeou-chouo-tche-che . Les uns sans principes bien arrêtés étaient de beaux parleurs, comme Sou Tai et Sou Li,
frères de Sou Ts'in ; les autres, sophistes retors, étaient machiavélistes avérés, pour qui tous les moyens étaient bons, pourvu que la partie fût gagnée. Ces derniers se nommaient les sophistes
à stratagèmes : Tch'é-che.
Un des chefs de l'école fut Koei-kou-tse, célèbre pour son système politique de la "Saisie au vol".
Les plus beaux échantillons du genre furent :
1° Sou Tsin, disciple de Koei-kou-tse, et natif de Lò-yang, qui parvint à ourdir la célèbre ligue des Six royaumes contre Ts'in, l'ennemi commun. La bataille de Sieou-yu, en 317, ruina cet
édifice si laborieusement construit et il fut mis à mort.
2° Tchang I, ancien condisciple de Sou Tsin, passant de royaume en royaume, combattant aujourd'hui celui qu'il protégeait hier ; sophiste en qui l'astuce, l'habileté et la mauvaise foi semblaient
s'être alliées à un degré éminent. Il fit surtout le jeu du roi de Ts'in et mourut en 309. Sa vie est un des tableaux les mieux réussis de ces politiciens sophistes sans patrie et sans
conscience.
3° Fan Ts'iu, ministre du roi de Ts'in, en 266, mérite aussi une place choisie dans la galerie de ces astucieux personnages.
IV. Taoïsme et meitisme
A. Taoïsme.
Depuis longtemps déjà, les idées taoïstes avaient cours quand parut Lao-tse, qu'on a dans la suite pris pour fondateur du système, sans doute en raison de son ouvrage intitulé Tao-té-king. Du
reste, ne faut-il pas toujours un homme marquant, pour servir d'enseigne à un système ?
Le taoïsme comme système gouvernemental, est le "système du laisser aller". Vivre en paix et à son aise pour vivre longtemps, toujours même si c'est possible. Ne pas contrarier la nature, ne pas
faire d'efforts, évoluer avec le grand tout : C'est le "monisme". Ce système, si on en tire la conclusion logique, aboutit à l'égoïsme.
1° Yang Tchou, disciple de Lao-tse, tira de son système l'égoïsme épicurien, qui fut dans la suite plus ou moins pratiqué par tous les partisans du taoïsme.
Les principaux tenants du système furent :
2° Yn Hi, chef de douane de Han-hou-koan, à qui Lao-tse donna son Tao-té-king.
3° Lié-tse. Les opinions les plus disparates circulent sur ce personnage, de sorte que l'époque où il vécut, son nom même restent un mystère historique. La collection qui porte son nom Lié-tse et
qui est aussi intitulée Tch'ong-hiu-king n'est probablement qu'un nom de plume.
4° Tchoang-tse, appelé aussi Tchoang Tcheou, était natif de Song ; il vécut au temps de Wei-wang, roi de Tch'ou, 339-329.
5° Hoai-nan-tse et toute la pléiade de lettrés taoïstes, dont nous aurons à parler à l'époque des Han Occidentaux.
Le taoïsme désormais bien implanté marchera parallèlement avec le Jou-kiao, bien souvent ses idées s'infiltreront dans l'esprit des lettrés et leurs doctrines en subiront les conséquences.
Le taoïsme triomphera sous les Ts'in et fera grandement sentir son influence sous les Han.
B. Meitisme.
La doctrine antipode du taoïsme est le meitisme, dont le principal tenant fut Me-ti ou Me-tse, lettré de Song, qui devint annaliste du duc de Ts'ai, et pour ce motif on le nomme aussi Che Me,
l'annaliste Me. Il revint dans son pays où il fut grand dignitaire sous le règne du duc King-kong, (516-453). Il écrivit un ouvrage qui porte son nom Me-tse.
Me-tse et Yang Tchou sont les deux philosophes dont la doctrine est en opposition exacte : le premier combat la cupidité, prêche la concorde et le dévouement, c'est le chef de l'altruisme et de
la charité humanitaire. Le second est l'épicurien égoïste que nous venons de voir et le type incarné du taoïsme sans gêne et sans contrainte.
La doctrine de Me-tse est la plus pure de l'antiquité chinoise ; si bien que les lettrés modernes n'ont pas de meilleure louange à adresser à la charité du christianisme, que de la comparer à
celle de Me-tse. Le christianisme, disent-ils encore, est le meitisme d'Occident. (>>> voir la suite >>>)
Lettrés des Song. À droite, Tchang Tsai, 1020-1067. Oncle des deux
Tch'eng, était interprétateur officiel du I-king, en 1056, quand les deux Tch'eng arrivèrent à la capitale. Charmé de leur savoir, il leur céda sa chaire et sa peau de tigre, insigne officiel de
sa dignité. Il fut l'auteur de plusieurs ouvrages, deux méritèrent d'être commentés plus tard par Tchou Hi, comme contenant les principes du nouveau système philosophique.
À gauche, Tch'eng I (I-tch'oan), 1033-1107. Tch'eng I, caractère hautain, s'attira beaucoup d'ennemis à la cour, il se brouilla avec Sou Tong-p'ouo, et cette inimitié fut même la cause d'une
scission entre les conservateurs, en 1087. Il dut se retirer de la cour, et ces loisirs forcés lui donnèrent le temps de travailler à ses commentaires des Classiques, sur le I-king et le
Tch'oen-ts'ieou.
V. Système pour le
choix des emblèmes du gouvernement
Dans les temps anciens, chaque dynastie choisit un des cinq éléments : métal, bois, eau, feu, terre, comme emblème de gouvernement ; ainsi Fou-hi régna par la vertu du bois ; Chen-nong par la
vertu du feu ; Hoang-ti par la vertu de la terre ; Yu par la vertu du métal, etc.
À chaque élément correspondait une couleur, au métal le blanc, au bois le vert, à l'eau le noir, au feu le rouge, à la terre le jaune. La couleur correspondant à l'élément du règne devenait la
couleur nationale pour vêtements, drapeaux etc. Pour le choix de cet emblème dynastique trois systèmes prirent naissance, deux fondés sur la genèse des éléments, le troisième reposant sur la
destruction mutuelle des éléments. Les voici en quelques lignes :
1° Le système fondé sur la genèse des 5 éléments, c'est-à-dire sur l'ordre de leur production primordiale par le Ciel et la Terre.
L'eau par le Ciel (pluies) ; le feu par la Terre (sécheresse) ; le bois par l'eau humidité activant la croissance) ; le métal par le feu (fusion).
2° Le système imaginé plus tard par les philosophes, et fondé sur la production des éléments l'un par l'autre, v. g. le bois produit le feu ; le feu produit la terre (cendres, débris de la
combustion) ; la terre engendre le métal (mines) ; le métal engendre l'eau (se couvre de rosée pendant la nuit si exposé à l'air).
3° Le système basé sur la destruction mutuelle des éléments, l'un par l'autre, v. g. le métal détruit le bois (instruments tranchants) ; le bois triomphe de l'eau en surnageant (bateaux), l'eau
triomphe du feu, (l'éteint) ; le feu triomphe de la terre, (la fond, la mine peu à peu).
Un original de lettré, politicien voyageur, du royaume de Ts'i et nommé Tcheou Yen, enseigna ce dernier système de la destruction mutuelle, qui fut plus tard adopté par Ts'in Che-hoang-ti quand
il voulut faire choix de l'élément dynastique. Les Tcheou ayant régné par la vertu du feu, il voulut régner par la vertu de l'eau, parce qu'il avait éteint l'ancienne dynastie. Calculs
superstitieux et enfantins, qui ne méritent guère le nom de systèmes philosophiques. Tcheou Yen fut avant tout un colporteur de politique, un sans patrie, passant successivement au service de
Hoei-wang, roi de Wei, 370-319, puis au service du roi de Tchao, enfin il aboutit à la cour de Tchao-wang, roi de Yen, 311-279. Ce dernier le prit pour conseiller, mais son successeur le jeta en
prison.
Tcheou Yen se lamentait, prenant le ciel à témoin de son innocence. Les lettrés racontent qu'un prodige réhabilita sa mémoire : Un jour d'été, la terre parut couverte de frimas, comme pour
témoigner en sa faveur.
VI. La dualité de l'âme humaine (Sacrifices aux défunts)
Ce système eut pour auteur Tse-tch'an, le lettré philosophe, que nous connaissons déjà et qui fut contemporain de Confucius. Sa thèse est restée classique dans la philosophie chinoise, depuis
lors elle fut adoptée pair l'école des lettrés, et devint la base des sacrifices offerts aux mânes des ancêtres. Voici en quelles circonstances il formula cette importante thèse.
Le peuple du royaume de Tcheng, où Tse-tch'an était premier ministre, redoutait étrangement le comte Yeou, ivrogne assassiné en 542 ; c'était un membre de la famille régnante, son spectre apparut
plusieurs fois et déclara que tel jour il tuerait telle personne. La prédiction s'étant réalisée, le peuple était terrorisé à la seule pensée de ce revenant d'outre-tombe. Tse-tch'an, informé de
ce qui se passait, désigna simplement son fils pour offrir des sacrifices aux mânes de son père. Aussitôt tout malheur cessa. Interrogé sur la raison de ce fait, Tse-tch'an énonça sa théorie
:
— Quand l'homme est engendré, son âme inférieure p'é se forme d'abord, puis son âme supérieure hoen se développe, elle est le principe actif de l'homme. Si cet homme s'assimile l'essence de
beaucoup d'êtres, son âme inférieure p'é et son âme supérieure hoen deviennent fortes, et par suite il devient capable de grandes choses, sa puissance peut même monter jusqu'à un degré
supranaturel et devenir chen, c'est-à-dire doué d'une puissance transcendante après sa mort. Même les gens ordinaires, morts d'une façon prématurée, peuvent devenir après leur mort des revenants
dangereux. À plus forte raison le comte Yeou, né d'une famille puissante, qui s'est assimilé l'essence de beaucoup d'êtres, et qui a été assassiné. Son âme supérieure était valide, forte et a pu
revenir, après la mort ; et ainsi il est apparu en "revenant malfaisant". Mais quand un revenant a un appui, il ne fait mal à personne. Pour avoir la paix, il n'y a donc qu'à lui faire des
offrandes sacrificales, et l'âme ne moleste plus personne.
Voilà la théorie chinoise de l'école, formulée par Tse-tch'an, mort la 23e année de King-wang, l'an 522 av. J.-C. Donc l'homme a deux âmes, l'âme inférieure p'é, dirigeant ses opérations
végétatives ; l'âme supérieure hoen se développe peu à peu après la naissance. Elle devient d'autant plus valide que le sujet est mieux éduqué et mieux nourri. Toute âme après la mort,
c'est-à-dire tout revenant, qui reçoit régulièrement des offrandes sacrificales, ne fait de mal à personne.
Donc à partir de Confucius, l'école des lettrés commença à adopter la thèse de la dualité de l'âme humaine.
1° Hiao. — La
piété filiale.
a. ● Fréquemment on raconte l'anecdote insérée dans la vie de Han Pé-yu qui vivait sous la dynastie des Han.
Sa mère ne lui épargnait point les corrections chaque fois qu'il se rendait coupable d'une négligence ; toujours il les recevait sans murmurer.
Une fois pendant que sa mère le frappait, il éclata en sanglots ; étonnée de cette circonstance inaccoutumée, elle lui en demanda la cause.
— Je ne t'ai jamais vu pleurer précédemment lorsque je te frappais, pourquoi pleures-tu aujourd'hui ?
— Autrefois lorsque vous me frappiez j'éprouvais une vive douleur, aujourd'hui vous ne m'avez pas fait mal. c'est une preuve que vos forces diminuent : voilà ce qui me contriste.
b. ● Un tableau classique encore très employé pour l'illustration de cette vertu, est celui qui représente Tseng-tse allant s'informer de la santé de son père.
Tseng-tse, disciple de Confucius, déjà nommé ci-dessus, servait tous les jours de la viande et du vin à ses vieux parents, et allait s'informer de leur santé trois fois par jour. Une autre
légende ajoute même que chaque nuit, il allait quatre fois prendre des nouvelles de leur état, puis le jour venu, il prenait lui-même son sommeil. C'est un cliché fréquemment répété à la louange
d'illustres lettrés, qu'on donne comme des imitateurs parfaits de Wen-wang. C'est à Wen-wang en effet qu'on prête cette triple visite journalière à son père.
c. ● L'image du jeune Lieou King retrouvant son père, n'est pas moins populaire, c'est elle qui est insérée ici.
Lieou King habitait Chan-ing au Tché-kiang. Sous le règne de Hong-ou, 1368-1399 ap. J.-C., son père fut envoyé en exil au Yun-nan : l'oncle et le frère aîné de Lieou King moururent ; cet enfant
n'avait encore que 6 ans, il demandait naïvement où se trouvait le Yun-nan :
— Vers le sud-ouest, lui répondait-on.
Alors on le voyait soir et matin se tourner vers le sud-ouest et se prosterner pour saluer son père absent. À 14 ans, il partit pour cette province lointaine, où il arriva après 6 mois de voyage.
Il trouva son père bien souffrant, et s'offrit à l'officier chargé de le surveiller, pour demeurer en exil à sa place.
— La règle veut que le fils ait 16 ans accomplis, pour qu'il soit admis à prendre la place de son père, reprit l'officier, je ne puis donc accepter votre proposition.
Lieou King retourna au Tché-kiang, vendit une partie de ses biens, puis revint avec son cousin. Ce dernier s'offrit à rester à la place du vieillard, alors Lieou King reprit le chemin du
Tché-kiang ramenant son vieux père.
Lieou King et tous ses descendants devinrent des lettrés remarquables, et dans tout le pays on s'accordait à dire que le Ciel avait béni son acte de piété filiale, en répandant tous ces bienfaits
sur sa descendance.
2° Ti. — La
déférence du frère cadet pour son aîné.
Sous les Han d'Orient, Tong Han, K'ong Yong, dès l'âge de 4 ans, se rendit célèbre par sa déférence pour son frère aîné. Un jour que son père avait distribué plusieurs poires à ses enfants, pour
qu'ils se les partageassent, K'ong Yong prit une petite poire et laissa la plus grosse à son aîné.
Le père lui en demanda la raison.
— Je suis le plus petit, répondit K'ong Yong, je mangerai une petite poire, mon aîné est plus grand, il mangera la plus grosse : n'est-ce pas juste ?
Ce trait a servi de thème aux graveurs et aux peintres, nous donnons ci-contre la reproduction d'un tableau suspendu dans les écoles, pour servir d'exemple aux jeunes étudiants.
Il n'est pas rare de trouver Tcheou-kong proposé comme modèle de cette vertu, parce qu'il passe pour avoir offert sa vie pour sauver son frère aîné Fa, le fondateur des Tcheou.
L'histoire raconte ainsi la découverte de ce trait de charité fraternelle. Tcheou-kong avait été accusé de trahison auprès de l'empereur Tch'eng-wang, il crut prudent de quitter la cour, en
attendant l'heure de sa justification.
Après une grande sécheresse, l'empereur ouvrit une armoire aux archives, et y trouva le fameux livre, où était consigné le sacrifice de sa vie que Tcheou-kong avait fait, pour obtenir la guérison
de son frère Ou-wang.
L'empereur, certain de l'innocence de son oncle, alla le chercher en grande pompe, et le ramena à la cour.
3° Tchong. —
La fidélité. La loyauté.
C'est la vertu du fonctionnaire à l'égard de son souverain, du ministre envers son empereur. Le tableau stéréotype est celui qui nous rappelle l'exemple donné par Tse-wen.
Tse-wen fut trois fois premier ministre du royaume de Tch'ou, il ne s'en était point réjoui ; trois fois il fut destitué, et il ne s'en attrista pas. Son successeur venu, il le mettait au courant
des affaires pendantes. Confucius lui décerne l'éloge de ministre loyal.
Autre exemple. — Wang Chou, originaire de Tcheou-i, dans le royaume de Ts'i, était à la cour de Ming-wang, 313 av. J.-C. Inutilement il exhorta ce prince à changer de conduite, il ne fut point
écouté, et il retourna cultiver ses terres dans son pays natal.
Peu après son départ éclata la guerre entre le royaume de Yen et le royaume de Ts'i. Yo I, généralissime du prince de Yen, fit arrêter son armée à 30 lis de Tcheou-i, et envoya des présents à
Wang Chou, pour le prier de passer à son service.
Wang Chou remercia et refusa la proposition.
— Un ministre de cœur ne peut pas servir deux maîtres. Le royaume de Ts'i va être détruit, le prince va mourir, comment aurais-je le triste courage d'aider un ennemi à accomplir cette triste
besogne. Mieux vaut mille fois la mort.
Il se pendit.
Yo I composa l'oraison funèbre de Wang Chou et alla le saluer sur sa tombe.
4° Sin. — La
sincérité.
L'exemple de Yen Ing est cité pour montrer en quoi consiste cette qualité du vrai confucéiste. Yen Ing, appelé plus souvent Yen P'ing-tchong, ministre du royaume de Ts'i, se fit une réputation
pour sa bienveillance à l'égard de ses amis ; bon ou méchant, personne ne concevait un soupçon sur sa sincérité ; par ce moyen, il en ramena un grand nombre dans le devoir : c'est ce qui lui
valut les éloges de Confucius.
N'empêche que ce fut ce même Yen Ing, ancien maître de Confucius, qui fit au duc de Ts'i un portrait si désavantageux de son ancien élève, sans doute que sur la fin de ses jours il n'était plus
de ses amis !
Du reste, l'éloge qu'en avait fait Confucius avait précédé cet épisode.
La sincérité est un grand mot qu'on trouve sans cesse dans les écrits des lettrés, mais la vertu elle-même est une plante rare.
Le tableau représente l'acte de sincérité du "saint" lettré Ki-Tcha, 3e fils de Cheou-mong, roi de Ou, 585-560 av. J.-C.
Ki-Tcha, envoyé comme ambassadeur dans le Nord, passa devant la demeure d'un de ses amis, nommé Sin ; celui-ci admira son épée, chef d'œuvre d'art. Ki-Tchei devina sans peine qu'il désirait la
posséder, mais pour remplir sa mission, il ne pouvait se défaire de cet insigne de sa dignité. Il se promit de la lui donner à son retour. Hélas ! quand il revint, son ami était descendu dans la
tombe. Ki-Tcha se rendit près de son tombeau, et suspendit sa précieuse épée aux branches de l'arbre voisin.
— Pourquoi laisser ici cette arme artistique, lui dirent ses suivants, votre ami est mort, il n'en a plus besoin ?
— Une promesse est une promesse, répondit Ki-Tcha, à mon passage je me suis promis de la lui donner, lui n'est plus, mais ma promesse reste.
Ce genre de propagande est à la fois humanitaire et utilitaire, il vient offrir au public
des avantages pour son âme et pour son corps ; mais le Chinois n'omet jamais le côté utilitaire, le commerce, le lucre. Ces prospectus sont inspirés par la même idée que celle qui a présidé à
l'impression de l'almanach du Bon Marché, et de la Belle Jardinière, ils contiennent des choses intéressantes pour les Chinois modernes, des exhortations, des prières, des tracts moraux bien
adaptés au goût de la classe d'hommes à qui ils s'adressent, mais sans jamais oublier d'y mêler adroitement la liste et les qualités des marchandises que ces maisons tiennent à leur
disposition.
Prenons, entre cent autres, un de ces prospectus, et donnons en une analyse, comme échantillon de ce genre de littérature de propagande.
C'est le prospectus édité à Chang-hai, la 17e année de Koang-siu, par M. Se-ma Kien-ngan, le fondateur de la grande pharmacie T'ong-té-t'ang. Il est intitulé :
Wen-tch'ang-ti-kiun-ing-tch'e-wen-che-tsien : Stances poétiques sur les œuvres méritoires d'après le prince empereur Wen-tchang.
On ne s'attendait guère à un prospectus de pharmacie en lisant ce titre, c'est un moyen adroit de le faire passer aux mains des bourgeois. Il contient de courtes poésies, composées par Se-ma
Kien-ngan et Suen King-hou, pour exhorter les hommes à la pratique des trois religions, mais le confucéisme a la meilleure part, comme on verra. L'auteur connaît admirablement le milieu auquel il
s'adresse, aussi lui donne-t-il une brochure à son goût.
Exhortations aux bonnes œuvres
1° Les 17 réincarnations de Wen-tch'ang.
2° Wen-tchang fut le bienfaiteur des populations qu'il gouverna.
3° Il faut soulager les misères humaines.
4° Il faut tirer le peuple des malheurs dont il est menacé.
5° Nous devons protéger les orphelins.
6° Nous devons être miséricordieux à l'égard des coupables.
7° On doit exhorter le peuple à accumuler des mérites.
8° Le Ciel protège toujours celui qui agit d'après sa conscience.
9° Nécessité d'exhorter les hommes au bien.
10° Un geôlier des prisons, nommé Yu, parvint aux dignités les plus enviées, en récompense de sa charité pour les prisonniers.
11° Teou Yu-kiun, en récompense de ses larges aumônes, eut 5 fils, qui tous furent gradués.
12° Un nommé Tcheng, pour avoir sauvé la vie à une fourmi, parvint au grade de 1er académicien.
13° Un autre personnage devint ministre d'État, parce qu'il avait enfoui en terre un serpent mort. (Suen Chou-Ngao, 613 av. J.-C.)
14° La bonne conscience est la source de tout bonheur.
15° Il ne faut jamais cesser de faire l'aumône aux pauvres.
16° Il faut s'adonner à toutes les bonnes œuvres.
17° Le sage ne nuit à personne et ne cause aucun dommage à un être existant.
18° Qui fait le bien s'attire le bonheur.
49° Il faut exhorter le prochain au nom du Ciel.
20° Les fonctionnaires doivent être bons à l'endroit du peuple.
21° Il faut être loyal à l'égard de son souverain.
22° La piété filiale envers les parents.
23° La déférence envers les aînés.
24° La fidélité dans les rapports avec des amis.
25° Il faut imiter l'exemple des anciens saints, et vénérer l'Étoile polaire (Dieu-étoile).
26° Il faut honorer Bouddha et réciter des prières.
27° La reconnaissance envers les bienfaiteurs.
28° Il faut travailler à la gloire des trois religions chinoises.
29° Secourir les malheureux avec le même empressement qu'on met à sauver un poisson, dans le lit desséché d'un cours d'eau.
30° Nous devons nous porter au secours des gens menacés de danger, avec la même promptitude que nous sauvons un oiseau pris au filet.
31° Protéger les faibles et les orphelins.
32° Aider les veuves.
33° Respect aux vieillards.
34° Avoir pitié des pauvres.
35° Donner des aliments aux affamés, et vêtir ceux qui manquent d'habits.
36° Ensevelir les morts et leur procurer un cercueil.
37° Les riches doivent secourir les membres moins fortunes de leur famille.
38° Au temps de la disette, il faut être secourable pour les voisins et les amis.
39° La justice dans les poids et mesures.
40° Il faut se montrer bon envers ses serviteurs.
41° C'est une bonne œuvre de faire imprimer des livres de prières.
42° Bâtir des temples aux divinités.
43° Donner des remèdes gratis aux malades pauvres.
44° Donner du thé à boire à ceux qui ont soif.
45° Racheter des animaux ou des êtres vivants destinés à la mort, et leur rendre la liberté.
40° User d'aliments maigres, et ne tuer aucun être vivant.
47° Veiller à ne pas écraser sous ses pieds les fourmis, ou les autres petits insectes.
48° Ne pas mettre le feu aux herbes des montagnes, afin de ne pas brûler vifs une foule d'êtres cachés sous la brousse.
49° Allumer des lanternes sur le bord des routes, pour guider les voyageurs pendant la nuit.
50° Construire des bacs pour passer les fleuves et les rivières.
51° S'abstenir de la chasse, et ne pas tuer les animaux sauvages ou les oiseaux.
52° Ne pas jeter du poison dans les cours d'eau, dans les viviers, pour détruire les poissons et les crevettes.
53° Éviter de tuer les bœufs qui labourent la terre.
54° Recueillir soigneusement les morceaux de papier, où sont écrits des caractères, éviter avec soin de les jeter à terre.
55° Ne pas s'approprier des héritages injustement.
56° Ne porte pas envie, et ne soyez pas jaloux, quand vous vous trouverez en face de quelqu'un mieux doué que vous.
57° Ne ravissez à autrui, ni sa femme, ni sa fille.
58° Ne fomentez jamais de procès.
59° Ne portez jamais atteinte à la réputation d'autrui.
60° Ne brisez pas les fiançailles, et ne faites jamais divorcer les époux.
61° Ne semez pas la discorde entre des frères, pour cause d'inimitiés personnelles.
62° Pour un petit avantage personnel, ne mette pas la désunion entre le père et le fils.
63° Ne convoitez jamais un petit profit aux dépens des honnêtes gens.
64° Que les riches n'oppriment pas les pauvres.
65° Choisissez de bons amis, c'est nécessaire pour être vertueux.
66° Séparez-vous de la compagnie des méchants, si vous ne voulez pas être inquiétés.
67° Taisez les défauts du prochain, et ne parlez que de ses vertus.
68° Ne mentez jamais.
69° Arrachez les épines et les broussailles qui poussent sur les sentiers suivis par les voyageurs.
70° Aplanissez les routes.
71° Ouvrez de nouvelles voies de communication.
72° Construisez des ponts.
73° Exhortez les gens à se corriger de leurs défauts.
74° Faites des souscriptions pour les bonnes œuvres.
75° En tout observez la loi naturelle.
76° Ne dites jamais une parole blessante pour les opinions d'autrui.
77° Imitez les exemples des anciens saints, Yao, Choen, Yu, etc.
78° Dites-vous bien que tout ce que vous faites seul, dans la nuit et dans l'ombre, les Esprits le voient et en ont connaissance exacte.
79° Évitez tout mal.
80° Faites tout le bien possible.
81° Si vous êtes fidèles à ces observances, jamais une mauvaise étoile ne projettera sur vous sa néfaste influence, et les bons Esprits vous protégeront partout.
82° La rétribution prochaine est pour vous-même, la rétribution éloignée sera pour vos fils et petit-fils.
83° Tout le bonheur et toutes les chances vous sont assurés.
84° Récompense et châtiment, tout est mesuré suivant les mérites et les fautes.