Pacifique CHARDIN
MONNAIES D'EXTRÊME-ORIENT
chinoises, coréennes, japonaises et annamites
Librairie René Giard, Lille, 1912, VII+78 pages, 230 illustrations
- Notice explicative par le père P. CHARDIN, missionnaire franciscain en Chine, de la collection réunie par lui durant son séjour dans la province de Chantoung (1890-1900).
Extrait : Les premières monnaies
Empereur Yu koei cheu, dit Choenn.
Avers de la pièce : Yu y kin houo « Valeur monétaire d’un écu d’or de (l’empereur) Yu ».
Quatre caractères d’écriture ancienne, gravés sens dessus dessous et dans un sens inverse, se lisant par conséquent de gauche à droite, contrairement à l’usage ordinaire. Écriture très primitive
; à la 4e lettre : « houo », il manque le caractère radical, qui doit régulièrement en faire partie.
Revers uni.
DYNASTIE DES
HIA. Empereur Hia k'oung kia
Avers : Lou-yang, nom de la ville où fut frappée la pièce, actuellement K’iu-fou, patrie de Confucius, dans la préfecture de Yen-tcheou-fou, province du Chantoung.
Revers : Cheu-eul tchou « Douze tchou » valeur d’un demi-tael ou once d’argent : un tchou est la 24e partie d’une once et équivaut au poids de 100 grains de millet. — La 3e lettre « tchou » est
abrégée : il lui manque le caractère radical, qui devrait entrer dans la composition de cette lettre.
DYNASTIE DES
CHANG. Empereur Chang tch’eng t’ang.
Avers : Tch’ou pou tang cheu houo « monnaie différant (des précédentes comme valeur) et équivalant à 10 » (écus d’or). La 5e lettre « houo » écrite en abrégé, comme ci-dessus.
Revers : Cheu houo « valeur monétaire de 10 » (écus d’or)
DYNASTIE DES
TCHEOU. Royaume de Ts'i.
Avers : Ts’i kien pang tsiou fa houo « valeur monétaire établie comme règle lors de la création du royaume de Ts’i ». Les 5e et 6e lettres sont en abrégé : il leur manque le caractère radical qui
doit régulièrement en faire partie.
Revers : Trois lignes horizontales, qui ne sont pas des lettres ; au-dessous, la lettre : Chang « supérieur ».
Cette pièce, ainsi que les autres de même genre, sont désignées sous le nom de Ts’i tao « Couteaux de Ts’i ».
Quelques monnaies de la dynastie des Soung du Nord (960-1126)
DYNASTIE DES
TS'ING. Empereur Ts'ing Cheng tsou (nom de règne K'ang Hi).
Avers : K’ang hi t’oung pao « Monnaie courante de K’ang hi ». Cependant le caractère hi du nom K’ang hi est écrit autrement que sur les diverses monnaies de cet empereur : il lui manque le trait
vertical de gauche.
Revers : Pao ts’iuen (en mandchou) « Monnaie frappée par le Ministère des Finances ».
Cette pièce s’appelle communément « Monnaie des Lohan » ; le nom de Lohan est
donné, dans la religion bouddhique, aux 18 personnages qui composaient la cour de Bouddha, et que dans les pagodes importantes de Chine on trouve représentés siégeant de chaque côté de la statue
de ce dieu. La tradition veut que l’empereur K’ang hi, ayant à sa Cour les missionnaires européens, s’éprit d’admiration pour la religion catholique et en conçut du mépris pour celle de Bouddha :
il en aurait, paraît-il, donné la preuve en faisant fondre les statues en cuivre des susdits Lohan dont il fit faire des monnaies, dénommées pour ce motif « Monnaies des Lohan ». On prétend que
ces pièces de cuivre contiennent un portion considérable d’or : de là vient qu’elles sont fort recherchées. — Elles durent être fabriquées avant 1706, car à partir de cette dernière date,
l’empereur K’ang hi se tourna contre le catholicisme, à la suite de la fameuse question des rites chinois. — La pièce de ce genre, faisant partie de la présente collection, est chargée
d’ornements divers, et percée, dans le haut et le bas, de petits trous par lesquels on dut l’attacher pour s’en servir en guise d’amulette.
Ouvrage numérisé grâce à l’obligeance des Archives et de la
Bibliothèque asiatique des Missions Étrangères de Paris. http://www.mepasie.org