Georges Morache (1837-?)
PÉKIN ET SES HABITANTS. Étude d'hygiène
Baillère et fils, Paris, 1869, 164 pages.
Table des matières
Extrait : Irrigation urbaine et voierie — Les mendiants — L'infanticide — Métiers de rue
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I. — Constitution du sol. — Climatologie — Situation de la province du Pe-tche-ly — Géologie — Météorologie.
II. — Topographie de la ville. — Population — Dimensions de la ville et population — Voies de communications — Jardins et promenades.
III. — Irrigations urbaines. — Voiries. — Inhumations — Eaux de Pékin — Égouts — Voiries des boues — Inhumations — Cimetières.
IV. — Constructions privées. — Édifices publics — Procédés de chauffage — Théâtres — Casernes — Camps.
V. — Alimentation publique. — Substances alimentaires — Produits du règne animal — Produits du règne végétal — Boissons — Distribution des repas.
VI. — Population suivant les races — Tartares et Chinois — Musulmans — Population flottante.
VII. — Conditions de la vie. — Hygiène générale — L'industrie — L'instruction publique — Hygiène du corps — Déformation des pieds chez les Chinoises — Question de l'opium.
VIII. — La misère à Pékin — Mendiants — Enfants trouvés — Infanticide — Prostitution féminine — La syphilis — Prostitution masculine — Eunuques.
IX. — Exercice de la médecine. — Profession médicale — Le médecin dans la société chinoise — Les avortements — Les aphrodisiaques — Maison médicale de l'Empereur — Absence d'enseignement médical
— La médecine aux armées — Médecine judiciaire.
X. — Considérations physiologiques et pathologiques.
L'attention du fondateur de Pékin et de tous les empereurs de Chine depuis Khoubilaï-Khan jusqu'à Kien-long, qui mourut en 1795, semble avoir été particulièrement éveillée sur la nécessité de
fournir d'eau la grande ville ; aussi y trouve-t-on un système très complet d'irrigation urbaine. Mais depuis Kien-long, que l'on a du reste accusé d'avoir trop sacrifié à l'amour des
constructions et des embellissements, et qui fit beaucoup pour Pékin, les prises d'eau, les bassins, les conduites, n'ont jamais été réparés et ont subi de successives dégradations dues au temps
et à de fortuites inondations.
Ce n'est malheureusement pas dans ce seul détail que s'accusent la négligence et l'incurie du gouvernement central. A partir du fils de Kien-long, Kia-King, qui monta sur le trône en 1795, la
mauvaise direction imprimée à la marche des affaires a amené du haut en bas de l'échelle administrative une tendance générale à la dilapidation des deniers de l'État ; le résultat en a été une
pauvreté toujours croissante, situation pénible que sont venues augmenter les insurrections des trente dernières années. Tous les services publics sont donc en souffrance et l'on n'a rien pu ou
voulu faire pour Pékin. Depuis cinq ans, le gouvernement ayant eu la pensée intelligente de confier l'inspectorat des douanes maritimes à des Européens, a vu ses revenus augmenter sensiblement ;
il a pu commencer quelques réparations encore fort restreintes.
La situation des travaux hydrauliques de Pékin est mauvaise, les eaux autrefois retenues avec soin dans de vastes réservoirs et de là déversées dans la ville, se répandent et se perdent dans la
campagne ; il n'en est pas moins intéressant d'étudier ces travaux d'art qui, avec quelques réparations bien dirigées, pourraient rendre de nouveaux et utiles services ; ils témoignent tout au
moins d'un véritable talent chez les premiers constructeurs....
Actuellement il n'en est plus de même et les habitants doivent faire apporter leur eau de très loin ou puiser dans la couche qui se trouve au-dessous du sol de Pékin.
Cette nappe d'eau se rencontre à une profondeur variable de 10 à 15 mètres suivant les points et surtout suivant les saisons ; en hiver, alors que les sources des montagnes sont taries, tous les
puits superficiels sont à sec ; en été, on a de l'eau en abondance, mais elle est souvent bourbeuse.
Les eaux puisées à Pékin, et mon jugement se porte sur des essais faits à divers points de la ville, ont toutes un caractère commun ; elles sont franchement séléniteuses, mais à des degrés
variables. Toutes sont incolores, transparentes, généralement pures de matières organiques appréciables par les sels d'or ; les unes sont à peu près insipides, d'autres amères et complètement
impotables ; — toutes cuisent mal les légumes et dissolvent mal le savon. — Elles déposent par l'ébullition un résidu abondant qui encrasse rapidement les ustensiles, fait bien connu des Chinois
et décrit comme un phénomène bizarre dans leurs ouvrages. Ce précipité, essentiellement composé de sulfate de chaux, contient encore du chlorure de calcium, de sodium et de magnésium. La quantité
de matières salines, calculée par une solution alcoolique de savon, varie de 60 centigrammes à 2 grammes et plus. On conçoit dès lors que beaucoup d'eaux ne peuvent être utilisées ; du reste,
même les plus pures, déterminent des accidents gastro-intestinaux chez les nouveaux arrivés qui renoncent bientôt à en user, sinon avec addition de vin ou d'alcool ; je ne serais pas éloigné de
croire qu'elles sont en partie cause d'une tendance aux catarrhes de l'intestin dont sont presque toujours atteints les indigènes, phénomène complexe sans doute, mais fort curieux comme influence
sur la santé et peut-être sur le moral des habitants.
... La question de l'irrigation urbaine nous amène naturellement à parler des égouts qui, recueillant tous les détritus de la ville et drainant son sol, devraient aller porter au loin leurs eaux
malsaines pour la population. Il existe bien à Pékin, dans les grandes artères, des égouts rudimentaires ou plutôt de petits canaux enfoncés sous terre d'un mètre à peine, et qui, communiquant
autrefois avec les grands canaux d'irrigation, remplissaient en partie ce but ; mais là encore se retrouve l'abandon et l'incurie. Ces conduites de forme carrée, construites en dalles, sont
simplement séparées de la voie par une pierre presque toujours brisée ou totalement absente ; en sorte qu'elles sont à peu près obstruées et que, en temps ordinaire, tout écoulement est
impossible. Au contraire, comme l'on y jette journellement toutes sortes de détritus végétaux et animaux, les égouts ne sont plus qu'un foyer de putréfaction ; qu'il vienne un peu de pluie et le
tout déborde dans la rue avec grand préjudice pour la vue et l'odorat des passants. Dans quelques points plus heureux, la destruction est moins complète, mais d'une part leur pente d'écoulement
est trop faible, leur volume trop petit, et de l'autre ils ne reçoivent presque jamais l'eau indispensable pour maintenir un courant. En un mot, tels qu'ils sont actuellement, ces égouts de Pékin
rendent peu de services et sont essentiellement nuisibles à la santé publique.
J'ai déjà dit que les habitants ont l'habitude de jeter au milieu de la rue les eaux
ménagères et en général tous les produits dont ils veulent se débarrasser ; il en résulte sur la voie publique des amas d'immondices en fermentation, des restes de boucherie, affreux mélanges sur
lesquels on voit se ruer tous les chiens errants, lorsque ce ne sont point des hommes hâves et nus qui disputent à ces animaux une horrible nourriture. Pékin gagnerait beaucoup à posséder les
troupes de chiens errants de Constantinople ou les gallinaços de l'Amérique du Sud, mais la misère est trop grande et les chiens sont presque toujours mangés par les mendiants. Il n'y a en cela
aucune exagération ; maintes fois j'ai pu assister au tableau navrant d'une troupe de ces malheureux se repaissant d'un affreux chien galeux qu'ils ont assommé dans quelque coin et dont ils
rongent les os à peine cuits. — Les animaux crevés ne restent pas longtemps sur la voie publique, d'une façon ou d'une autre ils disparaissent rapidement, à moins que, déjà arrivés à un état de
putréfaction avancée, ils ne rebutent les plus affamés ; dans ce cas, personne ne songe à les enlever et ils pourrissent en paix, mais le cas est rare.
Le seul point de voirie publique qui soit assez bien observé, est l'enlèvement des matières fécales; on sait que les Chinois en font, de temps immémorial, usage pour le fumage des terres, aussi
ne laisse-t-on rien perdre de ce produit précieux à la culture. Il n'existe point dans les maisons de fosse d'aisances ; chaque matin, un industriel vient enlever avec sa hotte les matières
recueillies dans un grand vase, commun à toute la famille, sorte de chaise percée sans chaise ; il exerce généralement son métier sans demander une rétribution, puis, après la tournée chez ses
clients, parcourt la ville sa hotte sur le dos, une longue cuiller à la main ; il circule ainsi — sorte de chiffonnier diurne — jusqu'à ce que sa hotte soit remplie, la porte alors à quelque
dépôt et a gagné sa journée ; dans beaucoup de rues existent encore des espèces de latrines publiques, consistant simplement en une barre horizontale où se rendent, aux yeux de tous et sans
scrupule, passants et gens du quartier : ce n'est point du reste une attention de l'édilité publique, soucieuse de la propreté de ses rues, mais simplement une spéculation des propriétaires des
dépôts voisins.
Toutes les matières fécales sont réunies à divers points de la ville en vastes dépôts, elles
y séjournent un certain temps, puis sont chargées dans de grandes charrettes découvertes qui vont les transporter à des dépôts extérieurs où elles subissent la dessiccation ; d'autres fois,
lorsque le dépôt de la ville a assez d'espace, on ne se donne pas cette peine et l'on termine les opérations en ville même. Que l'on juge après cela des horribles émanations s'élevant au milieu
des habitations, et quelle doit en être l'influence sur la santé, surtout en cas d'épidémie ! — Pendant l'été 1863, le choléra a cruellement sévi à Pékin et, avec les idées modernes sur l'un de
ses modes de propagation, n'y a-t-il pas lieu de se demander l'influence qu'ont dû jouer ces dépôts, ces latrines publiques, cette promiscuité constante avec le contagium.
J'ai cru devoir résumer le chapitre de voiries publiques par cet exemple, — on me le pardonnera, — car il donne une juste idée de la honteuse négligence et de l'ignorance caractéristique de
l'administration d'une grande capitale trop souvent citée comme une sorte de mystérieux et poétique séjour.
La police de Pékin prétend avoir sur ses registres 70.000 mendiants des deux sexes,
enrégimentés en sections dont le chef nommé à l'élection est responsable vis-à-vis de l'autorité des faits et gestes de ses administrés. Au-dessus de tous les mendiants se trouve un personnage
pris aussi dans leurs rangs qui jouit du titre de « prince ou chef des mendiants » ; il a pleine autorité sur tout son personnel, et traite directement avec les chefs de la police. Il a surtout
mission de régler les querelles toujours nombreuses entre ses sujets, et de déterminer dans quelle partie de la ville chaque section établira son centre d'activité ; en cas de crime commis par
l'un d'eux, il doit fournir un coupable à l'autorité, à lui de trouver lequel. Le prince des mendiants est une véritable puissance, car s'il dépend entièrement de la police, si même il en fait
partie, il conduit néanmoins ses sujets en monarque absolu et pourrait, en cas d'émeute, jouer avec les siens un rôle décisif.
Pendant la journée, les mendiants errent de porte en porte, quelquefois seuls, quelquefois en troupe, frappant l'un contre l'autre deux morceaux de bambous, et poussant d'agaçantes lamentations ;
ils forcent, par leur insistance, les habitants de la maison à acheter leur départ ; si l'on résiste, ils continuent pendant des heures, s'établissent à l'entrée d'une boutique, entravent la
circulation, rendent toute conversation impossible jusqu'à ce que, de guerre lasse, on finisse par céder. — Cette manœuvre est un droit que l'on ne saurait leur disputer ; ils en ont un autre : à
un certain jour de l'automne les mendiants ont licence de parcourir les marchés, les magasins de grains et de farines, d'y prendre dans les sacs ou les caisses exposées tout ce qui peut tenir
dans la main fermée, c'est-à-dire que, par exemple, ils ne peuvent emporter une pièce de viande, un légume, mais simplement une poignée. — Cet impôt n'en est pas moins lourd pour les marchands;
ils cherchent bien à s'y soustraire en exposant ce jour-là le moins possible, mais il serait imprudent de faire preuve de trop d'avarice, la boutique serait inévitablement saccagée et la police
n'interviendrait pas. Ce pillage organisé dure depuis le coup de canon du matin, réglant l'ouverture des portes, jusqu'à celui du soir qui les ferme, c'est-à-dire environ douze heures.
Cette mendicité reconnue, formant caste, ayant un chef et des lois spéciales, des droits vis-à-vis de la société, présente une grande analogie avec les truands de l'ancien Paris ; eux aussi
formaient une corporation avec laquelle il fallait compter sérieusement. Partout les mêmes causes produisent des effets analogues.
Comme les truands de Paris, les mendiants de Pékin cherchent à exciter la commisération en étalant le spectacle de leurs plaies, de leurs maux vrais ou factices. Ils n'auraient pas cependant
besoin de recourir à la simulation, leur vue seule soulèverait le cœur, si elle n'inspirait une profonde pitié. — Été comme hiver, ils errent presque sans vêtements, la poitrine et le ventre à
peine recouverts des plus sordides haillons ; quelquefois, en hiver surtout, ils jouent entre eux ces misérables hardes, afin d'en constituer au moins un habillement ; le perdant reste alors
complètement nu — bien des fois, par des températures de — 10 degrés ; nous avons vu des malheureuses femmes porter des enfants de moins d'un an sous un lambeau de couverture ; l'on ne comprend
vraiment pas qu'ils ne meurent pas tous pendant la saison rigoureuse. La barbe et les cheveux poussent à l'abandon, la peau se recouvre d'une sorte de vernis de saleté et présente toutes les
variétés d'affections cutanées, parasitaires, syphilitiques, etc... ; des plaies hideuses se développent, elles ne peuvent guérir, et l'on voit ces malheureux hâves, maigres comme des squelettes,
se traîner dans les coins des rues, à l'abri du vent, à la recherche d'un peu de soleil.
Ils ont à Pékin une sorte de quartier général, c'est un pont de marbre en dehors de la porte Tsien-men ; la voie est divisée en trois allées, celle du centre est réservée à l'Empereur, mais l'on
y tolère les mendiants ; ils s'y groupent par centaines et s'accrochent aux nombreux passants, les harcèlent pour en obtenir une pièce de monnaie valant un demi-centime. L'endroit est bien
choisi, c'est le point le plus fréquenté ; on les voit encore, assis en groupe de trente ou quarante dans les marchés, aux environs du palais, se disputer quelques horribles débris, ou les jouer
entre eux, car le jeu est aussi leur passion ; d'autres fois ils se rendent ce mutuel service de toilette, que la peinture seule peut exprimer avec décence, mais, chez eux, c'est une véritable
chasse, dont ils ne dédaignent pas de manger le produit.
Le nombre des femmes est bien moins considérable que celui des hommes ; elles ont en général plus de vêtements, et paraissent un peu moins misérables. — Existe-t-il des liaisons durables entre
ces êtres dégradés ? c'est douteux, mais il en existe au moins de fortuites. Les mendiantes sont presque toujours enceintes et traînent un ou deux enfants à leur suite. — La pédérastie est des
plus communes dans cette classe ; elle résulte du nombre restreint de femmes, et contribue singulièrement à propager la syphilis, à augmenter ainsi la misère, lorsqu'elle n'en a pas été la cause
primitive.
L'infanticide n'est pas de règle en Chine ; le bon sens et l'étude des mœurs nous le
prouvent, les faits interprétés avec impartialité le constatent.
La première de toutes les vertus estimées des Chinois est la piété filiale ; on est honoré suivant le nombre des enfants que l'on a. Le grand philosophe Mencius dit : « Il y a trois choses qui
sont contraires à la piété filiale ; la pire de toutes est de ne pas avoir d'enfants ». Plus un Chinois a de descendants et plus il sera pleuré après sa mort, plus sa mémoire sera entourée de
respect. Dans le culte des ancêtres, origine du culte domestique et des dieux lares de la civilisation gréco-romaine, on suppose que l'âme de ceux qui ne sont plus, vit encore au milieu des
générations nouvelles, où elle ne saurait avoir de repos si son souvenir n'est consacré par des preuves matérielles, par un culte, par un tombeau. Est-il logique d'admettre, dès lors, qu'un
peuple, dont cette croyance forme à peu près l'unique foi, ne recherche pas par tous les moyens à s'assurer un avenir après la mort ? Chez tous les pauvres gens, à ce sentiment vient encore se
joindre un intérêt plus prochain : les fils ne peuvent abandonner leurs parents, les usages le leur prescrivent, la loi les punit de peines sévères s'ils s'en rendent coupables ; ce serait donc
manquer de discernement, que de ne pas se préparer une vieillesse tranquille en gardant ses enfants.
On a dit que les filles étaient surtout abandonnées ; d'un placement difficile, coûtant beaucoup, rapportant peu, elles seraient moins estimées que les garçons. Sans doute, l'homme tient dans la
société chinoise une place bien supérieure à celle de la femme, la naissance d'une fille est moins désirée ; et comme son enfance est un peu plus négligée, la mortalité des enfants du sexe
féminin doit être plus grande. D'un autre côté, la fille trouve son placement, au pis-aller, comme concubine ou servante. Si, en Chine, le nombre des individus du sexe mâle est plus considérable
que celui des individus féminins, n'est-ce pas à peu près la règle chez tous les peuples polygames, et n'a-t-on pas expliqué ce fait, au premier abord paradoxal ?
Les Chinois de toutes classes montrent un grand attachement pour leurs enfants ; il suffit d'avoir vécu dans différents centres pour être frappé de ce sentiment ; ils les montrent en public avec
orgueil, les couvrent de riches habits, encouragent leurs jeux, s'y mêlent volontiers. C'est au nom de leurs enfants souffrants que les mendiants implorent la charité, on les voit se priver de
tout pour les nourrir. « Le tigre lui-même ne mange pas ses enfants », dit un proverbe chinois, et les proverbes résument toujours des sentiments populaires. Il est vrai que l'on voit quelquefois
des corps d'enfants abandonnés sur les chemins ou flottant sur les rivières ; nous en avons déjà dit la raison ; les funérailles sont très coûteuses, et la police urbaine se charge de ce soin ;
mais ces enfants ne portent pas la trace de mort violente. La mortalité est grande pendant la première enfance, cette loi ne fait pas exception à Pékin, au contraire ; mais s'il y a misère, il
n'y a pas crime.
En résumé, si l'infanticide existe en Chine, c'est au même titre qu'en Europe, à l'état de rare et criminelle exception. — La misère est mauvaise conseillère sans doute, mais les faits prouvent
qu'il en est partout de même. Il faut regarder comme fables ces histoires dramatiques de porcs lâchés le matin dans les rues de Pékin pour dévorer les enfants abandonnés, de corps flottants par
milliers sur les fleuves, sacrifices criminels adressés au génie des eaux. Un but charitable ne saurait excuser ces exagérations ; si le peuple chinois, dans beaucoup de cas, prête à des
jugements sévères, c'est une raison pour agir avec plus de justice encore à son égard.
Les illustrations de cette page, dessinées pour la quasi-totalité d'après des photographies du Dr Morache, ont été publiées dans la revue Le Tour du Monde (T. Choutzé, Pékin et le nord de la Chine, 1876).