Julius KLAPROTH (1783-1835)
Notice de l'Encyclopédie littéraire de Ma touan lin intitulée Wen hian thoung k'hao
[Préface du Wenxian Tongkao de Ma Duanlin]
Journal Asiatique, Juillet-Août 1832, Tome X.
- Abel-Rémusat : Ma-touan-lin mit vingt ans à achever son Wen-hian-thoung-khao : la préface qu’il a placée au commencement est un chef-d’œuvre de raison et de critique.
- Biot : Ma-touan-lin est réellement le père de la statistique politique. Il est le premier auteur qui ait songé à faire l'histoire des lois, des institutions, de la civilisation en un mot, au lieu de celle des guerres et des batailles ; il a pris pour sujet de ses recherches un des plus grands empires du monde, dont l'organisation politique remonte à des temps antérieurs aux annales du reste du genre humain. Sous ces deux rapports, on ne peut aborder sans intérêt aucune partie de son immense travail.
- Klaproth : Un des plus célèbres des livres chinois connus en Europe, et celui qui mérite le mieux de l’être... et l’on peut douter, en effet, si la science de l’Europe a produit jusqu’à présent un ouvrage de ce genre aussi bien exécuté et capable de soutenir la comparaison avec cette encyclopédie chinoise.
Table des matières de la préface
Extraits. Présentation des sections : De la musique - De l'astronomie - Des
événements extraordinaires et des prodiges
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Table des matières de la préface
I. De la propriété des terres cultivées — II. De l’argent et de la marchandise — III. Nombre des familles et des bouches — IV. Emplois et charges — V. Droits et péages — VI. Du commerce — VII.
Des impôts sur la terre — VIII. Des dépenses de l'État — IX. De l'examen et de la présentation des officiers du gouvernement — X. Des écoles et de l'instruction publique — XI. Des offices et des
magistrats — XII. Des sacrifices en plein air et dans les temples — XIII. Des temples et des ancêtres — XIV. Des cérémonies impériales — XV. De la musique — XVI. De l'armée et des affaires
militaires — XVII. Des peines et des punitions — XVIII. Des livres classiques et de la littérature en général — XIX. De l'histoire généalogique des empereurs — XX. De l'institution et de la
création des principautés féodales — XXI. De l'astronomie — XXII. Des événements extraordinaires et des prodiges — XXIII. De la géographie — XXIV. Des nations limitrophes de la Chine.
La tradition dit : « La connaissance des tons et des sons est intimement unie à la science
du gouvernement, et celui qui comprend la musique est capable de gouverner. »
En effet la bonne et la mauvaise musique (ou l'harmonie), ont une certaine relation à l'ordre et au désordre qui règnent dans l’État. Les trois premières dynasties régnèrent pendant une longue
suite d'années, elles firent beaucoup de bien au peuple, et celui-ci exprima son contentement par la musique. Les principales dynasties qui leur succédèrent furent celles des Han, des Thang et
des Soung. Les meilleurs temps des Han furent les règnes de Wen ti et de King tí (de 179 à 141 avant J. C.) : pourtant ce ne fut qu'après cette époque et sous Hiao wou ti que Hian, roi de Hou
kian, présenta à ce monarque un beau morceau de musique, pour lequel l'empereur nomma un directeur particulier, nommé l'officier de la grande musique. Elle n'était exécutée que dans des occasions
extraordinaires, et celle qui l'était ordinairement, même dans le grand sacrifice du ciel, différait de celle-là. Sous le règne de l'empereur Ngaï-ti (vers le temps de la naissance de J. C.)
l'usage de la musique réellement bonne fut aboli, et celui de la musique élégante fut introduit ; bientôt après Wang mang usurpa le trône. Les meilleurs temps de la dynastie des Thang furent
certainement les années Tchin kouan (de 627 à 649 de J. C.) et les années Khaï yuan (de 713 à 741). Cependant la musique alors en vogue fut celle des comédiens. Le Tribunal du grand ordinaire
n'encourageait que celle-là, et il n'y avait que ceux qui ne pouvaient apprendre la musique vulgaire qui s'appliquassent à celle de la plus belle espèce. On peut aisément concevoir d'après cela
ce que l'on entendait par le nom de musique. Sous la dynastie des Soung, les années Thian ching et King yeou (de 1023 à 1037) furent les plus brillantes ; cependant nous voyons que ce fut durant
cette période que Hou yuan, Li tchao, Yuan ye, Fan tchin, et leurs disciples, se plaignirent que la musique n'était pas harmonieuse, et que les airs et les notes n'étaient pas purs ; cependant
ils ne purent réussir à réformer ces défauts. A la fin dans les années Tching ho (de 1111 à 1117), on commença à introduire la musique nommée Ta tchhin et l'on conclut que c'était la belle
musique des anciens ; mais à peine cet ouvrage fut terminé, que la moitié des possessions des Soung leur fut enlevée par Ju chin.
La cause de ces malheurs paraîtrait venir, selon l'opinion des anciens, de ce qu'ils considéraient le gouvernement sous le rapport de la musique, tandis que dans les temps suivants, pendant que
l'on faisait les plus grands efforts pour fonder un bon gouvernement, on n'avait pas le temps de songer à la musique. On ne donna aucune attention à ce sujet, jusqu'à ce que la paix ayant été
établie et les lois bien rédigées, les principaux ministres n'eurent pas de plus sérieuses occupations, et les instituteurs et les conseillers eurent besoin d'emploi : alors ils proposèrent de
s'y appliquer : mais à peine ce travail fut-il accompli que le gouvernement tomba dans la faiblesse et la monarchie pencha vers sa ruine.
L'histoire rapporte que lorsque l'empereur des Soui, durant les années Khaï houang (de 581 à 600), régla ce qui concernait la musique, le sentiment de Ho soui fut suivi, et celui de Wan pao
tchhang rejeté. Ce dernier, la première fois qu'il entendit la nouvelle musique, s'écria les larmes aux yeux, que les airs et les notes en étaient efféminés, dépourvus d'harmonie et dignes de
mépris, et il prédit que l'empire tomberait bientôt. Mais doit-on dire que si le système de Wan pao tchhang avait été adopté, la dynastie des Soui aurait été conservée ? Certainement non ; mais
nous pouvons présumer que quoique Wan pao tchhang ne fût pas capable de composer un morceau de musique, qui pût sauver les Soui de leur ruine, cependant il avait assez de pénétration pour
conjecturer, d'après le genre de musique qu'ils adoptaient, leur chute prochaine, et, sous ce rapport, on ne peut lui refuser une intelligence supérieure et miraculeuse qui surpassait beaucoup
celle des autres hommes. Quant à moi, je pense que le bon ordre ou le déclin d'un État ne dérive certainement pas de sa musique, mais que pour bien juger de cet art, nous devons ressembler aux
Szu k'houang, Tcheou kieou, Wan pao tchhang et Wang ling et à leurs semblables, et que le tact miraculeux dont ils étaient doués était inné chez eux et ne pouvait se transmettre à autrui. Nous
avons parmi nos sages modernes des gens qui dissertent hardiment sur la musique, qui font des recherches sur le temps ou la mesure des instruments, qui distinguent par des notes claires et
obscures la musique bien composée de celle qui ressemble aux cris des enfants ; qui, s'ils découvrent quelque vieil instrument rongé par la rouille, mutilé ou brisé, en veulent déduire des
preuves de ce qu'ils affirment ; eh bien ! je les compare à des gens aveugles et ignorants, et j'avoue que je ne puis avoir aucune foi dans leurs raisonnements.
Mes recherches concernant la musique commenceront par un tableau de la musique sous les différentes dynasties, ensuite je parlerai des six mesures, et je finirai par ce qui appartient aux huit
tons. Je distinguerai dans chacune de ces particularités le mode Ya ou du grand (c'est-à-dire le chinois), le Hou, ou mode étranger, et le Sou, ou mode vulgaire. Afin d'épuiser complètement tout
ce qui se rapporte à la musique et aux instruments de musique, je traiterai des instruments suspendus, des chants mélodieux, des danses et de la musique vague, et je finirai par expliquer les
causes qui ont quelquefois fait interdire la musique. Cette section consiste en quinze livres.
Sous les trois premières dynasties, il entrait toujours dans les obligations du premier
historiographe d'examiner l'état du ciel, et de coucher par écrit tout ce qui concernait la suite des temps. Ainsi un seul homme devait considérer les cieux et rédiger l'histoire des événements.
Sous les Han le grand historiographe était à la tête du bureau des cieux, et sans se mêler du gouvernement du peuple, il était chargé de continuer les mémoires historiques et les autres ouvrages
relatifs à l'histoire. Ses fonctions étaient donc les mêmes que sous les trois premières dynasties. Sous le règne de l'empereur Siuan wang l'emploi fut partagé : l'astronomie fut laissée au grand
historiographe, et le soin d'enregistrer les événements fut attribué à un autre officier ; en conséquence, depuis cette époque, le grand historiographe a consacré son attention entière à
l'observation des phénomènes célestes. Néanmoins il semblerait que pour avoir une histoire complète d'une dynastie, ces deux emplois devraient être remis à une seule personne qui s'occuperait
avec la plus stricte exactitude de n'omettre aucun fait ayant de la connexion avec les changements qui peuvent arriver dans le ciel ; par là on peut connaître d'avance les événements heureux ou
malheureux qui adviendront et qui sont annoncés par certains pronostics et des signes extraordinaires, visibles dans le ciel. Pendant longtemps ces deux charges ont été négligées et même
séparées. Durant la période décrite dans le Tchhun thsieou, les éclipses de soleil étaient notées sans que l'on indiquât le jour auquel elles arrivaient. Cette omission a été attribuée à la
paresse des historiens du temps ; elle montre, dans tous les cas, que la fonction d'astronome était séparée de celle d'historien. Durant les 242 années comprises dans le Tchhun thsieou (de 722 à
481 avant J. C.), il paraît que trente-six éclipses de soleil ont été mentionnées. Durant les 293 années qui s'écoulèrent depuis la quinzième année du règne de Ting koung, roi de Lou, jusqu'à la
troisième année du fondateur de la dynastie des Han, nous ne trouvons que sept éclipses de soleil, citées dans l'histoire. Il s'ensuit donc nécessairement que la plupart de celles qui arrivèrent
durant cette période ont été perdues. Dans la suite l'empire ayant été réuni sous un seul monarque, on donna plus d'attention à l'histoire ; mais comme les l'historiens se contentaient de se
suivre l'un l'autre, il est impossible de juger du degré de vérité de leurs observations, ou des méprises qu'ils ont commises. Lorsque la Chine fut partagée en deux empires, celui du Nord et
celui du Sud (de l'an 420 à l'an 580 de J. C.), chacun avait ses historiens particuliers, et l'on remarque des différences dans leurs récits ; en effet, durant les 196 ans qui se sont écoulés,
dans le sud de la Chine, entre la première des années Young thsou du règne de l'empereur Wou ti de la dynastie des Soung (420 de J. C.) et la seconde des années Tching ming et Heou tchu de la
dynastie des Tchsin (588 de J. C.) ; et dans le nord, entre la cinquième des années Thaï tchhang du règne de l'empereur Ming ti de la dynastie des Weï (420 de J. C.) et la huitième des années
Khaï houang de Wen ti de la dynastie des Soui (588 de J. C.), nous ne trouvons que trente-six éclipses de soleil mentionnées dans les histoires du Sud et soixante dix-neuf dans celles du Nord. De
ces éclipses, il n'y en a que vingt-neuf qui correspondent ensemble ; pour quelques-unes les années s'accordent, mais il n'en est pas de même des mois. Comme il n'y a pas deux soleils dans le
ciel, il est clair que c'est à la négligence et à l'ignorance des historiens que l'on doit attribuer ces erreurs et ces contradictions. Le spectacle le plus majestueux que les cieux nous
représentent est sans contredit celui du soleil et de la lune qui sont visibles partout ; par conséquent s'il y a tant de méprises dans l'observation des éclipses de ces deux grands luminaires,
quelle confiance peut-on placer dans les observations des mouvements des étoiles, de leur marche souvent obscure et parfois rétrograde et des irrégularités qui surviennent parmi elles ? Par
exemple : sous le règne de Ngaï ti de la dynastie des Han (de 6 avant et 5 après J. C.), la lumière du soleil fut extrêmement faible, la température très insalubre, et il y eut une grande
obscurité. L'empereur interrogea un de ses conseillers nommé Li siun, sur la cause de ces phénomènes ; la réponse de celui-ci est conservée dans sa biographie.
Dans la cinquième année de son règne l'empereur Kouang wou ti fit entrer dans son palais Nian kouang et coucha avec lui dans le même lit. Le lendemain le grand astrologue de la cour annonça qu'ii
avait observé que l'étoile de l'hôte (la nouvelle étoile de la Cassiopeia) avait attaqué l'étoile du trône de l'empereur (α Hercule ; Ras algethi).
Ces deux faits manquent dans les annales et ne sont consignés que dans l'histoire particulière de ces monarques.
L'histoire astronomique la plus exacte est celle des Tsin et de Soui. L'ouvrage de Tan yuan tsu est encore plus clair et plus concis. L'histoire des deux dynasties des Soung décrit la distance
des étoiles au pôle et renferme plusieurs dissertations développant des points qui n'avaient pas été traités auparavant. C'est par ces motifs que j'ai tiré de l'ensemble de ces histoires, ce qui
est le plus clair et le plus curieux, relativement à ces matières, et je l'ai fondu dans cette vingt-unième section. Elle commence par les constellations nommées les trois murailles , et les noms
des vingt-huit constellations zodiacales ; je passe ensuite à la voie lactée, puis je m'occupe du mouvement du soleil, de la lune et des cinq planètes. Après quoi j'expose les changements
survenus dans les sept étoiles, et je finis par les nuages et par l'air. Le tout est contenu dans sept livres.
La tradition rapporte que lorsqu'une famille est destinée à monter sur le trône, cet
événement est précédé de pronostics heureux ; de même la chute des dynasties est annoncée par des monstres et des prodiges. Puisque des choses monstrueuses se montrent dans le monde, il s'ensuit
qu'il doit y avoir également des signes de félicité ; ces phénomènes dérivent du mouvement de la matière. Fou ching a composé un traité sur les cinq éléments, lequel est accompagné d'un
commentaire par Pan meng kian ; il y démontre la vérité de ces indices, en citant des faits arrivés sous différentes dynasties. Il faut cependant avouer que le sujet des pronostics heureux ou
malheureux n'est pas aisé à traiter. Il est un principe reçu, c'est que sous un gouvernement juste et équitable, le phénix (Fung houang) paraît ; en conséquence, sous le règne de Chun, il
construisit son nid sur le palais même. Mais l'histoire nous apprend également que sous la dynastie des Han, dans la première des années Yuan kia du règne de l'empereur Houan ti (151 de J. C.) et
vers la fin des années Kouang ho du règne de l'empereur Ling ti (189 de J. C.), le phénix parut plusieurs fois. Cependant on sait que sous ces deux princes, le gouvernement n'était pas bien
réglé, et que la tranquillité ne régnait nullement. Suivant un autre principe adopté par ceux qui croient aux pronostics, l'application trop fréquente de la peine capitale est suivie d'un froid
rigoureux. Ce fut pour cette raison que sous le règne de Chi houang ti de la dynastie des Thsin, il tomba de la pluie et de la neige jusque dans le quatrième mois (en été) ; mais l'histoire
raconte aussi qu'il en tomba pareillement dans le sixième mois de la quatrième année (176 avant J. C.) de l'empereur Wen ti de la dynastie des Han, prince qui certainement n'aimait pas à punir.
La fameuse aventure du serpent sans tête, et les hurlements entendus dans la nuit, furent les présages de la chute des Thsin ; mais d'un autre côté, ce furent des augures favorables pour les Han
qui obtinrent l'empire après cette dynastie. La même remarque peut être faite sur les présages tirés des arbres et des insectes qui furent les précurseurs des maux arrivés à Tchao ti de la
dynastie des Han, et en même temps de la fortune la plus complète de Siuan ti, son successeur. En rapportant des événements de ce genre, les historiens qui ne peuvent en deviner les causes ont
déduit des conséquences erronées qui réellement sont vides de sens.
Suivant mon opinion particulière, tout ce qui est contraire à la marche ordinaire de la nature est un prodige. Je partage ces événements extraordinaires en deux classes, l'une comprend ceux qui
annoncent les événements heureux : ce sont le phénix, le quadrupède Khi lin, la rosée douce (Kan lou), des fontaines de vin sucré, des nuages de félicité et l'herbe Tchi ; l'autre classe consiste
dans les pronostics des calamités, ce sont : les chutes de montagnes, le dessèchement des rivières, les tremblements de terre, les monstres parmi les porcs et les poissons. Quoique tous ces
présages diffèrent beaucoup les uns des autres relativement au bien ou au mal dont ils avertissent, ils sont néanmoins des choses opposées à la marche ordinaire de la nature, et arrivant très
rarement ; c'est pourquoi je leur applique également la dénomination de choses extraordinaires. J'ai recueilli tout ce que j'ai pu sur cette matière, dans les histoires particulières des
dynasties et dans les traités des cinq éléments, j'ai disposé sous chaque sujet les choses qui s'y rapportent ; et sans les classer parmi les présages heureux ou malheureux, je les place tous
dans une seule et même catégorie, celle des événements extraordinaires. Quant aux pluies continuelles, aux sécheresses prolongées, à la chaleur excessive, au froid rigoureux, aux vents très
forts et longtemps continués, aux inondations et aux incendies, ce sont des malheurs et non des bienfaits ; c'est pourquoi, dans cet article, je suis la méthode des anciens et je profite des
démonstrations qu'ils ont adoptées.
Du temps des Weï, et des Thsin une grande quantité de poisson fut trouvée sur le toit de l'arsenal ; les premiers historiens appellent ce phénomène, naissance extraordinaire de poissons.
Cependant ce nom ne peut être donné à l'ouverture du poisson blanc qui sauta dans le bateau de l'empereur Wou wang de la dynastie des Tcheou. Par conséquent, sans attribuer une dénomination
particulière à des faits de ce genre, je les rangerai dans la classe des choses extraordinaires dans la division des poissons ; j en ai usé de même pour ce qui concerne les chevaux. L'histoire
rapporte que sous Hiao koung, roi de Thsin, une jument accoucha d'un homme ; ce qui, sans contredit, est un pronostic de mal. Le cheval dragon qui parut du temps de Fou hi et la peinture
miraculeuse qu'il avait sur le dos, étaient sans doute de bons présages. Ainsi, quoique le bien et le mal que ces pronostics indiquaient fussent absolument différents, ces signes étaient
néanmoins très extraordinaires l'un et l'autre et en conséquence, je les place dans cette catégorie, dans la subdivision concernant les chevaux. D'autres prodiges relatifs à d'autres animaux, aux
oiseaux, aux reptiles, aux plantes, aux bois, aux métaux, aux pierres, renfermant aussi les chants des enfants et les vers prophétiques, sont classés, par les historiens précédents, parmi les
choses venues avant terme ; quelques-uns ont même prétendu que les vers et les chansons étaient des avortements de fleurs. Je cite tous ces prodiges avec le bien ou le mal dont ils étaient les
indices, mais je ne les nomme pas des avortons ou des monstruosités, et je les dispose sous le titre général de choses extraordinaires. Quant aux naissances monstrueuses de cochons ou de rats,
puisqu'il n'a jamais été reconnu qu'elles annonçassent du bien, je me suis conformé à la classification de mes prédécesseurs. Quant aux arbres qui ne sont ni droits ni tortus, ce sont des
exceptions au cours ordinaire de la nature, et ils devraient être considérés comme des monstres. Il en est de même des mûriers qui croissent du même et que le pépin. Mais quant au bois gelé par
la pluie, cela est causé par les particules froides de l'air entrant de force dans le bois et y produisant la glace qui ne vient pas du bois même. Toutefois Lieou hiang soutient que le bois gelé
par la pluie doit être placé dans la classe du bois qui n'est ni droit ni tortu. Les avortements des fleurs sont produits quand les fleurs ne suivent pas la marche ordinaire de la nature, ce qui
prédit invariablement des infortunes. Telles sont les fleurs que portent en hiver les pruniers et les pêchers. Quant aux fleurs gelées, elles sont réduites à cet état par le froid, et non par
elles-mêmes. L'histoire des Thang range ces phénomènes dans la classe d'avortements de fleurs, mais c'est improprement. Nous avons rectifié cette erreur, en les rapportant à la classe des froids
prolongés, et nous les plaçons à la suite des pluies et des grêles. Je pense que j'ai facilité l'intelligence de ces matières abstruses dans ma vingt-deuxième section qui est composée de vingt
livres.