Charles de Harlez (1832-1899)
I-LI, LE PLUS ANCIEN RITUEL DE LA CHINE,
SON CONTENU ET EXTRAITS
Journal Asiatique, 1889, pages 229-270.
- "L'I-li primitif s'occupait exclusivement des fonctionnaires publics, magistrats ordinaires ou des plus hauts rangs, et surtout des grands feudataires de l'empire et du souverain lui-même. Les particuliers en étaient exclus, à ce point qu'un ancien commentaire porte ces paroles expresses : « Les rites s'arrêtent aux fonctionnaires inférieurs et ne descendent pas jusqu'aux particuliers ; pour ceux-ci, point de règles de conduite. »
Extraits : Introduction - Livre I, cinquième partie : rite de prospérité
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L'I-li est sans contredit un des monuments les plus curieux de l'antiquité orientale. Plus ancien que le Li-ki, exposant des faits contemporains
de l'époque où il fut rédigé, il est spécialement précieux pour l'ethnologie et l'archéologie, puisqu'il relate d'une manière authentique les usages régnant en Chine il y a vingt-cinq siècles et
plus encore peut-être.
Cependant il est resté jusqu'ici presque entièrement ignoré ; on ne le connaît guère que de nom. Parmi les auteurs qui nous ont donné le tableau de la littérature chinoise, beaucoup le passent
sous silence ; d'autres en donnent une idée peu exacte. C'est ainsi que nous lisons dans le catalogue de l'India office, p. 19 :
« The subject matter of the work is the conduct of the individual under every phase of social intercourse. »
Et dans l'ouvrage si savant et si justement estimé d'A. Wylie :
« The subjects it treats of, are of a more domestic character than those of the Chow lè (Tcheou li); rules being laid down for the guidance of individual conduct under a great variety of
conditions and circonstances. »
À en juger d'après ces indications sommaires, on devrait croire que l'I-li est entièrement, ou du moins presque entièrement, consacré aux règles de conduite tracées pour les particuliers et les
circonstances de la vie privée. Or cette conclusion serait erronée. L'I-li primitif s'occupait exclusivement des fonctionnaires publics, magistrats ordinaires ou des plus hauts rangs, et surtout
des grands feudataires de l'empire et du souverain lui-même. Les particuliers en étaient exclus, à ce point qu'un ancien commentaire porte ces paroles expresses :
« Les rites s'arrêtent aux fonctionnaires inférieurs et ne descendent pas jusqu'aux particuliers : lī puh hià shū jīn ; pour ceux-ci, point de règles de conduite. »
D'autre part, comme l'I-li est le tableau fidèle de civilisation chinoise à une époque très reculée et nous met sous les yeux l'état social de ce singulier peuple tel qu'il était il y a plus de
vingt-cinq siècles, il est à regretter qu'il ne soit pas mieux connu, et qu'on n'y ait pas puisé davantage les renseignements précieux qu'il contient.
Il ne sera donc pas inutile, en attendant qu'on en ait une traduction complète, de donner un aperçu sommaire mais complet de tout ce qu'il renferme. Chacun pourra, de la sorte, s'en faire une
idée exacte, savoir ce qu'il peut y trouver et à quel endroit il devra chercher ce qui l'intéresse.
La composition de l'I-li a été attribuée au célèbre ministre et frère de Wuh-wang, Tcheou-kong ; mais cette tradition est des moins sûres ou, pour mieux dire, elle n'est pas digne de foi, comme
on le verra plus loin. Toutefois son contenu nous assure qu'il est antérieur à la dynastie des T'sin (255 av. J.-C.). Disparu dans l'incendie général des livres canoniques sous Shi-Hoang-ti, il
fut retrouvé, avec le Shuh-king, dans un mur de la maison de Kong-fou-tze, s'il faut en croire Kao-Tang, le lettré de Lou, éditeur du Shi-li, ou rituel des fonctionnaires. D'autre part,
Sse-ma-tzien, contemporain du fait, raconte que Kao-tang avait retenu ce livre tout entier par cœur et le récita quand on voulut le rendre à la lumière. (Voir Lieh-tchouen, chap. LXI, c.
fin.)
Le catalogue des livres de rites de la bibliothèque impériale des Hans porte aussi un livre de li, ancien texte, en 56 kiuen, que l'on croit également identique au texte appelé Li-ku-king.
Sous les Hans, les lettrés, excités d'ailleurs par les empereurs eux-mêmes, se mirent à réunir, coordonner et épurer les matériaux du Li-ki. L'ancien rituel qui appartenait à une autre dynastie,
à un âge féodal, fut naturellement laissé au second plan, bien qu'il ait été, à cette époque même, l'objet de différents commentaires tels que ceux de Heou-tsang (Ier siècle av. J.-C.), de Tchang
(vers 150 ap. J.-C.), de Khung Ying-ta, de beaucoup postérieur, et d'autres encore. En 175, il fut gravé, avec les autres kings, sur la pierre par Tzai-Yong. Il reçut alors le nom d'I-li.
Il semble que ce livre ait été rangé parmi les kings avant l'époque des Tangs, car nous avons une édition des six kings en caractères tchouen qui cessèrent d'être employés à la fin des Hans, et
cette édition comprend le Yih, le Shuh, le Shih, le Tchun-tsiou, l'I-li et le Tcheou-li. En tout cas, à la renaissance des lettres sous la dynastie des Tang, l'I-li fut placé dans le canon des 9
kings formé sous ces princes et y fut rangé avant le Li-ki lui-même. On le maintint dans la liste des kings dressée par les Songs, puis par Khien-long des Ts'ing, mais le Li-ki y fut placé le
premier.
Enfin Khien-long, dès la première année de son règne, fit publier une édition complète, avec commentaires très étendus et variés des neuf livres qu'il considérait comme canoniques. Or ces neuf
kings sont, avec les quatre premiers de l'édition en tchouen, l'Erh-Ya, le Hiao-king et les trois rituels Tcheou-li, Li-ki et I-li.
L'ancienne édition en caractères tchouen a été reproduite dernièrement encore, ensuite d'un décret impérial, par un comité de neuf lettrés et sous le titre de Tchēn-ting tchuen wen luh king
sse shuh. Les six kings et les quatre livres canoniques (shuh) édités en caractères tchouen par ordre de l'empereur. L'I-li n'y a que dix-sept kiuen, et le texte est disposé d'un autre façon
que dans l'édition de Khien-long.
Ainsi, malgré la prépondérance donnée au Li-ki par les Hans, l'I-li n'en a pas moins joui d'une haute estime parmi les savants chinois comme monument des âges antérieurs.
« L'I-li, dit Tchou-hi dans sa préface, est le fondement, la racine des rites I-li li tchī kēn pèn; le Li-ki en forme les branches et les feuilles. L'I-li est la trame (wēi
king), le Li-ki donne le développement et l'éclat à ses principes. L'I-li pose les règles fondamentales du Li-ki. Aussi, on le voit, négliger les livres canoniques quand on veut occuper une
fonction est une faute bien grave. »
Et la préface de Khien-long :
« L'I-li et le Tcheou-li sont deux livres compilés (ship) par Tcheou-kong pour régler et assurer l'ordre et le gouvernement. C'est la source et le flot des lois et des règles qui doit
diminuer les délits et dommages. »
Tchou-tze, exposant et expliquant les rites, à pris pour base l'I-li, etc. Notons encore ces paroles :
« L'I-li étant difficile à lire, il est maintenant comme mis hors d'usage : wēi wūh yòng. »
Elles nous expliqueront le peu de connaissance que l'on en a aujourd'hui. Mais il n'en était pas ainsi aux XIe et XIIe siècles de notre ère, car Tchou-hi affirme que Sze-ma-wèn-kong
(Sze-ma-kouang, 1009-1086) et Tcheng-y-tchouen (1033-1107), dans leurs traités des rites du mariage, ont suivi également l'I-li.
Outre l'autorité que le texte de l'I-li a reçue des diverses reconnaissances officielles dont il a été l'objet, il peut revendiquer en sa faveur un caractère intrinsèque d'authenticité
indéniable. Le Li-ki n'est qu'une vaste compilation faite après coup et dans laquelle les renseignements historiques viennent se mêler aux préceptes pratiques, aux relations des enseignements de
Kong-tze ou d'autres sages antiques, et cela dans le pêle-mêle le plus parfait ; le plus grand nombre des prescriptions y est fondé sur le souvenir.
Les matières se suivent bien des fois, sans ordre, d'une partie à l'autre, comme dans l'intérieur des divers livres. Dans l'I-li, au contraire, nous avons un tableau systématique des mœurs de
l'époque où ce livre a été écrit ; ses rédacteurs étaient témoins de ce qu'ils consignaient sur leurs tablettes. Tout y est méthodique, régulier, exposé systématiquement.
L'époque de la composition de l'I-li n'est pas, ce me semble, difficile à déterminer. Le souverain chinois y est toujours désigné par le mot wang. Si l'on y voit paraître le titre de T'ien-tze «
fils du ciel », c'est dans des passages qui appartiennent à la tradition.
Le livre a donc été composé sous la dynastie Tcheou dont tous les souverains, à l'exemple de Wu-wang, ont pris le titre de Wang, que son fondateur avait adopté le premier et que les dynasties
subséquentes abandonnèrent pour se parer de celui de Hoang-ti ou Ti.
D'un autre côté, les règles et les rites y présentent un système de détails si méthodique que l'on ne peut rationnellement les supposer formés déjà de cette manière sous les premiers princes de
la maison de Tcheou.
Par contre, ce n'est point sous ses derniers monarques, alors que l'autorité royale avait été réduite presque à néant, que le pouvoir central eût pu imposer un tel code.
Il est donc plausible de placer la composition de l'I-li vers le Xe siècle avant notre ère. Il se peut que le célèbre ministre et frère de Wuh-wang, Tcheou-kong, en ait formé les premiers
éléments qui se seront développés après lui. il en est ainsi du Tcheou-li.
L'I-li diffère essentiellement du Tcheou-li en ce que celui-ci, comme l'indique son nom subsidiaire de Tcheou-kouân, a pour but de dresser un tableau complet des fonctions publiques et ne parle
des rites et cérémonies qu'autant qu'il est nécessaire pour expliquer la nature de ces charges. L'I-li, au contraire, a pour objet de tracer les règles à suivre dans les cérémonies en usage et ne
s'occupe des fonctions qu'en raison des rites eux-mêmes et de leurs différences d'après la diversité, non des magistratures, mais de leurs quatre grandes catégories.
Pour le moment, je ne m'occuperai pas de rechercher les points où les deux codes de rites diffèrent ou se contredisent. Il me suffira, pour le but que je me propose aujourd'hui, de donner une
idée complète du livre. J'ai suivi, pour former l'aperçu suivant, les deux éditions I-li ta tchouen, 22 kiuen et l'I-li king tchouen, avec divers commentaires qui se trouvent
dans la collection Kiu-king pu-tchu de Khien-long (voir ci-dessus) ; en outre le Tchin ting tchouen wen luh king, K. 7, 8, dont il a été question précédemment, et l'I-li
tchang-ku. Ces deux derniers ouvrages, qui se ressemblent parfaitement, ne sont en somme que le Shi-li « code des magistrats inférieurs », rédigé de mémoire par Kao-tang (voir plus haut, p.
231). Mais déjà Tchou-hi avait cherché à restituer un texte complet. Comme le dit la préface, Tchou-tze avait composé 37 kiuen des rites des cours royales et feudataires, et 29 du deuil des
sacrifices, etc. L'édition de Khien-long est destinée à rétablir tout ce vaste ensemble. Pour les rites perdus, l'impérial rédacteur a fait puiser les renseignements dans le Li-ku-king, voire
même dans le Koue-yu, le Tcheou-li, le Li-ki et le Tchun-tsiou. Il distingue le king ou texte, le tchouen ou tradition, l'I ou explication du sens et le kao exemples. Je ne connais pas de version
mandchoue de l'I-li et ne l'ai jamais vue mentionnée même en aucun catalogue de bibliothèque européenne ou asiatique.
L'I-li complété par Khien-long se compose de deux parties ou pien, désignées, la première comme intérieure, nei, et la seconde comme extérieure, wai ; ce qui, d'après l'usage
chinois, désigne les principes et l'application, ou l'essentiel et l'accessoire, les appendices. Le terme « extérieur » s'applique tout spécialement ici, vu que la seconde partie renferme un
grand nombre de tableaux explicatifs extériorisant les préceptes.
Ces deux livres, de très inégale grandeur, comprennent : le premier, 23 cahiers ou Kiuen ; le second, seulement 5. Chacun des deux est divisé en parties, les parties sont divisées en sections et
les sections en paragraphes, le tout sans aucun égard à la séparation des tomes ou kiuen qui coupent plus d'une fois les sections en deux.
Le premier livre compte cinq parties qui se distinguent par la nature des rites dont elles présentent l'exposé. Ce sont, selon les termes chinois : 1. les rites de fête ; 2. ceux de cour ; 3.
ceux qui concernent les hôtes ; 4. les rites de douleur, de deuil ; 5. ceux de prospérité ou sacrifices et les règles de l'instruction.
Quant au second livre, on en verra plus loin la nature et le contenu ; il serait inutile de rappeler, même partiellement, ces choses. Toutes les cérémonies, et les rites qui s'y rapportent sont
généralement divisés en quatre catégories, d'après les personnages qui en sont les auteurs principaux, à savoir : le roi, les princes feudataires et les magistrats et officiers qui se subdivisent
en ta-fou, magistrats supérieurs, ayant juridiction universelle ou sur toute une province, et shi ou magistrats inférieurs. Quelquefois il est question des kiun ou rois, chefs de pays étrangers à
l'empire des Tcheou.
Ces termes forment une expression consacrée, désignant tout ce qui est considéré comme devant assurer la prospérité au pays ; c'est d'abord le
sacrifice, ses cérémonies et leurs diverses espèces (dans les sections I à VI), la grande cérémonie du labour royal et la culture des vers à soie, double culture, qui donne la richesse à l'État,
puis les règles de l'enseignement, source de la prospérité morale et matérielle même (section VII). Tout cet ensemble se subdivise de la manière suivante :
Section I. — Offrandes et sacrifices aux esprits des morts
Sacrifices de petites victimes, « moutons » par les ta-fous.
Sacrifice, offrande de grandes victimes, « bœufs » par les princes et le roi.
Rites divers du sacrifice pour les shis et les ta-fous, au printemps et en été, à l'automne et en hiver ; victimes désignées pour ces circonstances.
Sacrifices du printemps et de l'été pour les princes feudataires.
Sacrifices des shis et ta-fous pour leurs ancêtres réunis. Mêmes sacrifices des princes et du roi.
Sacrifice royal en l'honneur de tous les prédécesseurs du monarque régnant.
Autel en plein air et prières « aux esprits » prononcées par les shis supérieurs et les ta-fous. Autel sur une terrasse élevée pour les princes et le roi.
Sacrifice mensuel des princes et du roi.
Viennent ensuite les sacrifices offerts dans les quatre classes pour les jeunes gens morts avant l'âge viril (c est-à-dire avant 19 ans. On en distingue plusieurs classes : la petite, la moyenne
et la grande anté-virilité, selon que le mort avait de 8 à 11 ans, de 12 à 15 ou de 16 à 19). Puis l'annonce du sacrifice d'un mouton à la nouvelle lune par les princes et le roi, l'offrande des
prémices de chaque saison par les mêmes ainsi que les ta-fous et les shis ; le sacrifice offert par le roi à ses prédécesseurs, wangs et tis, des dynasties antérieures ; celui des princes et du
roi aux saints et aux maîtres des temps antiques, ceux offerts au nom de l'État pour les magistrats qui ont bien mérité de la patrie, pour obtenir un fils au roi, aux anciens qui ont pratiqué la
culture du ver à soie, à l'inventeur de l'usage des chevaux, aux anciens pasteurs, au génie chef des chevaux.
Section II. — Sacrifice aux esprits du ciel
Nous avons ici une série d'actes du culte se rapportant aux phénomènes et êtres célestes.
Ce sont d'abord les princes feudataires et le roi allant au-devant des quatre saisons, c'est-à-dire allant saluer leur arrivée par une cérémonie qui assure l'ordre régulier et témoigne de la
reconnaissance en offrant un sacrifice à cette occasion ; puis même chose à l'arrivée, au premier jour du froid et de la chaleur ; au génie qui préside au froid, à ceux qui veillent à la garde du
peuple et de la prospérité de l'État.
Viennent ensuite : le sacrifice commun pour augurer de l'année nouvelle ; le sacrifice des ta-fous, des princes et du roi pour le nouvel an ; celui du deuxième mois de l'été pour obtenir la pluie
nécessaire à la croissance des céréales, etc. offert par les princes et le roi ; le sacrifice de prières en cas de malheur, de calamité, de deuil, et celui qui se fait pour le bonheur et la paix
de la maison. En outre, les offrandes présentées par le roi aux sacrifices lei, par les heous à la pleine lune et aux pleines lunes intermédiaires des saisons (sse wâng).
Les points suivants réclament une attention spéciale. Ce sont :
Les offrandes offertes particulièrement aux cinq Tis, les grands festins communs donnés aux mêmes, puis le sacrifice suprême offert à Shang-Ti, les offrandes sacrificielles qui lui sont faites au
Ming-Tang, enfin le sacrifice au ciel sur un tertre arrondi.
Ici les dernières désignations et les passages qui les expliquent ont une haute importance pour l'intelligence de l'ancienne religion chinoise.
On y voit d'abord que Shang-ti et Tien « ciel » étaient entièrement distincts. À Shang-ti seul, on offre le sacrifice suprême le plus élevé de tous, pour conjurer les calamités, à lui seul le
grand sacrifice d'automne dans le Ming-Tang, la grande salle du palais.
Le culte du ciel vient après et séparément ; il se célèbre au cœur de l'hiver, quand la nature morte sous les coups du froid va commencer à renaître, se réveiller et agir. Les commentaires nous
expliquent parfaitement ces rôles divers.
Tous les êtres contingents tirent leur substance du ciel, l'homme tire la sienne de ses premiers parents ; tous les êtres reçoivent leur existence particulière et leur forme de Shang-ti, et
l'homme de son père. C'est pourquoi on honore le ciel au solstice d'hiver, parce que c'est le moment où la substance des êtres reprend vie et recommence à agir, à produire.
Remarquons en outre la différence des lieux du culte : On honore Shang-ti dans une salle, comme un roi. On honore le ciel en plein air, sur un tertre arrondi qui figure la forme extérieure du
ciel.
Quant à ce dernier culte, les commentaires nous l'expliquent très précisément en disant que par là on fait descendre tous les esprits du ciel.
Section III. — Sacrifice à la terre
Nous avons ici, énumérés et plus ou moins expliqués, les cinq oblations annuelles des quatre classes ; les exorcismes contre les maladies dans les provinces et la capitale, et les prières
déprécatoires des heous.
Les prières de remerciement par les heous et le roi, à la fin de l'année, pour leurs États ; les sacrifices spéciaux pour la famille, la ville, la région et pour les quatre régions de l'empire
par le roi ; ceux des rois et des heous aux montagnes, aux forêts et aux fleuves ; aux cinq grandes montagnes ; les sacrifices des tcheous et des hameaux, des familles et des villes, des heous et
des rois au génie du sol et à celui des céréales.
Puis il y est traité des modifications apportées aux règles des sacrifices par un deuil occurrent, comme à celles des offrandes ; et de la représentation des morts au sacrifice pendant un
deuil.
Section IV. — Sacrifices offerts pour des causes particulières
Nous avons ici une longue série de cérémonies qui se font à des occasions déterminées par les lois et coutumes et qui ont rapport non plus aux vicissitudes et cours du ciel, des corps célestes et
terrestres, mais aux actes des hommes.
Ce sont d'abord celles qui se font à la prise de possession de ses fonctions par un ta-fou, de son fief par un prince, du trône par le roi ; à la constitution d'un fief ; à la fondation d'une
capitale par le roi ; à la réunion des heous à la cour ; à l'inspection des provinces et frontières par le roi ; aux traités d'alliance (conclus devant les esprits), avant les grandes chasses,
les délibérations du conseil, le départ pour aller châtier des rebelles, pour toute cause grave ou raison d'État ; à l'occasion de tout phénomène extraordinaire survenu au ciel, dans les astres
ou sur la terre, de diverses calamités : sécheresse persistante et pernicieuse, incendie, inondation, phénomène destructeur céleste ou terrestre (vent violent, tremblement de terre, etc.), de
pronostics extraordinaires, de maladie, mort, enterrement, et de toute affaire dont l'issue ne semble pas heureuse ; aux fêtes du tir régional ou du tir solennel organisé par les princes
feudataires.
Section V. — Des consécrations
Cette section s'occupe de la consécration des temples ancestraux par les shis et les ta-fous, les heous et le roi ; de celle des autels et tertres sacrificiels dans les cours et les champs, des
vases et ustensiles du sacrifice, des arsenaux et écuries.
Section VI
Nous trouvons ici traitées diverses questions accessoires :
1. Le transport d'un temple ancestral chez les shis, ta-fous, heous ou rois.
2. Celui des autels intérieurs ou extérieurs.
3. Labour du champ royal ou princier par le roi ou le prince féodal.
4. Culture des vers à soie par la reine et les princesses.
5. L'entretien des victimes du sacrifice par le roi et les heous.
Section VII. — Règles de l'instruction
Il s'agit d'abord de l'entrée des enfants à la Siao Hio. Cette section indique l'âge de l'entrée à l'école (8 ans), la manière de s'y conduire, les hommes chargés d'y enseigner (shis et
ta-fous).
Le tout en ce qui concerne les enfants tant du roi que des grands et du peuple entier ; il n'y a pas ici de différence.
Viennent ensuite les règles de l'entrée à la Ta-Hio où tous viennent à 15 ans, le respect dû au maître, les dispositions du cœur nécessaires, etc., les règles d'avancement et celles qui regardent
spécialement le prince royal.
Cette section se termine par le sacrifice offert en faveur du roi ou heou défunt par son fils et successeur pendant la première année de deuil.