Édouard BIOT (1803-1850)
ESSAI SUR L'HISTOIRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE EN CHINE
et de la corporation des lettrés
depuis les temps anciens jusqu'à nos jours
Benjamin Duprat, libraire, rue du Cloître saint Benoît, Paris, 1845, 619 pages.
- Conclusion : Quel qu'en soit le résultat, quatre faits principaux ressortent à mes yeux de l'histoire que j'ai tenté de tracer. Dans le système suivi par les Chinois, l'adoption des concours publics pour régler l'entrée aux charges administratives avait pour base la connaissance des anciennes institutions et l'aptitude aux affaires du temps. Il est constant que l'application de ce principe fondamental a été sensiblement modifiée par le goût des subtilités littéraires.
- Il est également constant que la jeunesse chinoise a dirigé tous ses efforts vers les concours, et a négligé les études des collèges qui ont eu alors une rapide décadence.
- En outre, l'âge des candidats n'étant pas limité, ceux-ci continuent indéfiniment à concourir, et souvent ils ne réussissent qu'à un âge trop avancé pour remplir convenablement des fonctions qui exigent de l'activité. Ceci a servi au moins de prétexte pour tolérer le rachat des conditions imposées par les examens.
- Enfin, le droit de présenter pour toutes les places étant attribué à un seul ministère, une large voie est restée ouverte à la faveur et à la corruption.
Extraits :
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Lettres, armes : quoi d'autre chez les Yuan ?
Les empereurs mongols se montrèrent favorables à l'étude de trois sciences dont ils reconnaissaient l'utilité : ils encouragèrent la médecine, la
divination ou l'astrologie, et la science du calendrier ou l'astronomie.
Astronomie. Koblaï-khan avait à sa cour deux comités de médecins et d'astronomes, composés, l'un de Persans ou d'Arabes, l'autre de Chinois. C'est parmi ceux-ci que se trouvait
le fameux Ko-tcheou-king, qui a eu la gloire de déterminer, le premier, la mesure exacte de l'inclinaison de l'écliptique par ses observations faites avec un gnomon haut de quarante pieds. Koblaï
chargea Ko-tcheou-king, Hiu-heng et autres savants chinois de rédiger une nouvelle astronomie d'après la méthode chinoise et de rectifier les erreurs de l'astronomie des Soung. Ce travail fut
achevé et publié la onzième lune de l'an 1280.
Médecine. Dès l'an 1261, Koblaï confia à un assistant du Grand comité médical de la cour la mission de parcourir les provinces pour y établir des écoles de médecine. Les élèves
devaient être examinés chaque lune, et récompensés ou punis selon la manière dont ils répondaient. Plus tard, ces écoles furent soumises à un règlement et placées sous la surveillance d'officiers
spéciaux. L'an 1285, le même Koblaï institua des concours réguliers pour le grade de Grand médecin impérial ou de membre du comité médical de la cour. À cet effet, les officiers supérieurs se
réunissaient tous les trois ans dans la capitale de chaque province pour examiner les candidats par les treize sortes d'épreuves, c'est-à-dire qu'ils les interrogeaient sur la théorie du pouls et
des principaux médicaments, sur l'influence du vent, sur l'étude des yeux, de la bouche, des dents, du gosier et de la trachée-artère, sur la disposition des os, ainsi que sur le traitement des
plaies provenant d'instruments métalliques, sur le traitement des ulcères et tumeurs, sur l'emploi de l'aiguille et la cautérisation de sa piqûre, enfin sur les prières destinées à conjurer les
esprits malfaisants. Ces interrogations se faisaient conformément aux principes des traités prouvés, tels que le Ching-tsi-lo, le Pen-tsao, le Thsien-kin et le
Y-fang.
Les candidats qui expliquaient parfaitement les questions posées étaient, à la deuxième lune de l'année suivante, envoyés au concours général de la capitale Ta-tou. Ceux qui satisfaisaient encore
aux treize épreuves dans ce nouveau concours étaient inscrits sur une liste que l'on soumettait à l'empereur ; celui-ci les nommait membres du comité médical de la cour. Quant à ceux qui
réussissaient seulement au premier concours, ils étaient déclarés aptes à exercer les fonctions de supérieur des écoles de médecine dans les provinces. Jin-tsoung, à son avènement l'an 1311,
interdit sévèrement à tout individu qui n'aurait pas subi ces différents examens, ou qui n'aurait pas publié d'ouvrage sur la médecine, d'ouvrir des cours particuliers pour l'enseignement de
cette science. En général, les empereurs mongols attachèrent une grande importance à ces concours médicaux, et de là sortirent beaucoup de médecins célèbres dont les noms illustrent l'histoire de
leur dynastie.
Astrologie. Koblaï fit aussi rechercher dans son empire les hommes qui savaient prédire l'avenir par la plante Chi, selon la méthode chinoise, ou qui connaissaient les
lois des deux principes du repos et du mouvement, c'est-à-dire l'astrologie ou l'astronomie : car toutes deux étaient confondues ensemble par l'esprit superstitieux des Tartares. Il promulgua à
ce sujet deux décrets, le premier en 1276, le second en 1290. L'an 1291, il institua des écoles provinciales pour l'étude des deux principes du repos et du mouvement. En conséquence, des hommes
instruits dans cette science furent choisis après examen par les gouverneurs des provinces, et attachés comme professeur aux nouvelles écoles. Ces professeurs dressaient chaque année une liste de
leurs meilleurs élèves et la remettaient au chef de la province qui envoyait ces élèves au concours de la capitale impériale. Ceux d'entre eux qui étaient alors reconnus d'une capacité
supérieure, obtenaient un office secondaire dans le corps des préposés à la tour céleste ou des membres de l'observatoire impérial. Ces écoles existaient avec leurs professeurs sous le règne de
Jin-tsoung (1314). Le programme des examens était établi d'après des livres de divination, tels que l'Y-king, et d'après des traités astronomiques ou astrologiques.
Musique. Il y eut aussi à la cour mongole un comité impérial de la musique ; il fut créé par Chun-ti, et subsista de l'an 1341 à l'an 1348. Tching-tsoung renouvela, l'an 1299,
les concours entre les enfants ou jeunes gens qui se montraient capables d'entendre les King ; et après lui on trouve sous Wou-tsoung, l'an 1308, sous Jin-tsoung, l'an 1316, les noms de
plusieurs jeunes gens ainsi gradués pour leur intelligence précoce.
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